Du 24 février au 5 mars, resteront quatre matches pour assurer une place au sein des huit meilleures équipes du pays, qui se disputeront le titre national.
L’annonce du 26 janvier
Dans une ville où le hockey est l’ultime sport à pouvoir rassembler les foules, la présence de Genève-Servette en play-off est plus importante que jamais. Autour de l’éternelle patinoire des Vernets rôdait jusqu’à récemment un destin aussi funeste que celui de son cousin, le Servette Football Club, toujours convalescent après une faillite et une relégation administrative. Une annonce surprise, faite le 26 janvier, a tout changé.
Le club estime que la perte cumulée à la fin de la saison est de l’ordre de 6 millions
François Bellanger, nouveau président du club
Dans leur vestiaire, les joueurs se préparaient à battre une fois encore leur ennemi intime, le Lausanne Hockey Club, lorsqu’un communiqué annonçait que leur président, le controversé Hugh Quennec, quittait ses fonctions avec effet immédiat et qu’il était remplacé par François Bellanger. Cet avocat, un abonné de longue date, est membre du conseil d’administration depuis un an.
Il était moins une. En douze ans, la gestion du Québécois avait permis au club de gagner deux fois la prestigieuse Coupe Spengler. Depuis le début de la saison cependant, les ennuis de trésorerie se répétaient. «Le club estime que la perte cumulée à la fin de la saison est de l’ordre de 6 millions. Le chiffre final dépend des résultats des éventuels play-off», confirme aujourd’hui François Bellanger.
Nouvelle patinoire
Un désamour s’était déjà installé entre le public et le Canadien depuis qu’il avait pris, comme actionnaire unique du club, l’initiative de remplacer un entraîneur éruptif, charismatique et adulé des fans par un taiseux. Avant l’éclaircie de décembre, Craig Woodcroft peinait d’ailleurs à changer les habitudes installées durant le règne de Chris McSorley, seize ans d’une gestion qui alternait mesures vexatoires dans le vestiaire, coups de gueule envers les arbitres et sagacité dans la gestion des transferts.
Le dossier qui a achevé la réputation de l’ex-président est celui de la nouvelle patinoire. C’est pour qu’ils investissent dans ce projet devisé à 350 millions de francs que Hugh Quennec a fait entrer plusieurs compatriotes au club tout en écartant Chris McSorley, recyclé en responsable sportif. Les autorités genevoises sont longtemps restées interdites, échaudées qu’elles étaient par le précédent du stade de la Praille, sorte de manuel à l’usage de ceux qui veulent brouiller sportifs, politiciens et électeurs entre eux. Les Canadiens, de leur côté, ont fait preuve d’une opacité qui n’a rien arrangé.
Tout cela, c’était avant l’annonce du 26 janvier. «Le club est en train de se mettre à jour avec l’ensemble de ses engagements liés aux salaires et aux charges sociales. Les factures dont l’échéance de trente jours est dépassée à ce jour seront réglées rapidement», assure François Bellanger. Désormais actionnaire unique, la Fondation 1890, qui a apporté les liquidités nécessaires, est la même qui a sauvé le Servette FC. Son lien avec la richissime Fondation Wilsdorf, propriétaire de Rolex, n’est plus un secret.
Pas de retour de retour de Chris McSorley
Le budget de 18 millions pour la saison en cours est assuré. Pour la suivante, il sera inférieur, prévient François Bellanger, qui affirme qu’il n’y a aucun projet de transmission du club, une fois assaini, à des tiers. Exit, donc, la théorie du retour de Chris McSorley via des investisseurs locaux voire russes. En début d’année, le propriétaire d’une régie immobilière genevoise nous a d’ailleurs confirmé que la complexité de la situation l’avait dissuadé d’y investir.
Le dossier de la patinoire avance, lui aussi. «Les choses se sont décantées avant Noël, dit Anne Emery-Torracinta, conseillère d’Etat chargée de l’Instruction publique et des sports. Depuis, nous avons eu plusieurs réunions avec les investisseurs et je peux dire que je suis optimiste. Savoir que la Fondation 1890 est derrière le club est une assurance de sécurité pour les autorités.»
La magistrate devrait pouvoir présenter dans quelques semaines au Conseil d’Etat le résultat du travail préparatoire avec les investisseurs. «C’est seulement à ce moment-là que les négociations pour un protocole d’accord pourront commencer», conclut-elle.
Reste au directeur sportif à trouver des renforts efficaces et l’hiver 2018 pourrait être celui de la renaissance pour Genève-Servette, après avoir fait croire qu’il était celui de sa fin.
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