L’aventurier français Charles Hedrich a réussi à 54 ans une première mondiale en bouclant samedi soir à 21h30 locales (02h30 dimanche en Suisse) en Martinique sa traversée aller-retour non stop de l’Atlantique à la rame et en solitaire.

«Le meilleur moment, c’est maintenant» avec cette arrivée, a assuré Hedrich, manifestement en pleine forme, longue barbe blanche, en posant le pied sur la plage de Petite Anse des Anses d’Arlet après 145 jours et 21 heures de navigation pour réaliser une boucle de 11’000 km. Pourtant, cette arrivée fut un peu mouvementée.

Attendu samedi en milieu de matinée sur la plage des Salines, à Sainte-Anne, le rameur, confronté à de forts courants et aux vents contraires, n’avait pu rejoindre cette plage à la grande déception des nombreuses personnes qui l’attendaient, parmi lesquelles figuraient son épouse Patricia, leurs trois fils ainsi que ses parents.

Finalement, après plusieurs heures d’effort au large du rocher du Diamant, Hedrich parvenait à accoster sur la plage de Petite Anse en début de nuit sous la pleine lune. A l’approche de la plage, deux de ses fils, accompagnés de leur chien, étaient partis à la nage à sa rencontre.

Les aléas de la rame

Selon lui, l’impossibilité d’accoster aux Salines comme prévu faisait partie des «aléas de la rame». «J’avais les vents contraires et le courant contre moi, il fallait vraiment tirer sur les avirons, mais heureusement, il y avait cette anse autrement j’étais reparti pour la nuit», a-t-il dit. L’aventurier était parti de Saint-Pierre-et-Miquelon le 9 juillet dernier.

Il a notamment à son actif la traversée de l’Atlantique à l’aviron en janvier 2007 entre Dakar au Sénégal et l’embouchure de l’Amazone, au Brésil, en 36 jours et 6 heures, une participation (hors course) au Vendée Globe 2004-2005, un Paris-Dakar en moto, en 2003, ou encore une ascension de l’Everest en mai 2006,

A bord de son embarcation, longue de 7 mètres et large de 2, pesant 350 kg, pour une surface habitable (cabine) d’environ 1 mètre carré, il avait atteint les Canaries le 30 septembre, puis, après un passage au Cap Vert, il avait mis le cap sur les Antilles.

«On voit des cochonneries partout»

«Il y a eu pas mal de moments de doutes où c’était très incertain», a admis cet ancien officier de marine marchande devenu chef d’entreprise, puis «sportif aventurier» en 2003. Il a notamment souffert du mal de mer avant de parvenir à s’amariner, puis a été confronté à l’approche de l’ouragan Nadine sur les Açores alors qu’il descendait sur les Canaries.

Hedrich a surtout eu tout le loisir d’apprécier les charmes de l’Atlantique: à la différence de la voile, «quand on rame on a beaucoup de temps pour voir ce qui se passe autour de nous, on voit les requins, les baleines, les dauphins et les orques», a-t-il souligné.

Attentif aux questions environnementales, le rameur a également regretté que la pollution était visible partout. «J’ai même vu un placard qui flottait, en assez bon état, mais je n’avais pas assez de place pour l’emporter», a-t-il lancé avec humour, avant de conclure, «on voit des cochonneries partout quoi!».