L’Italie face au risque d’exclusion des prochains Jeux olympiques
JO
Un projet de décret-loi élaboré par le gouvernement italien entraînerait une réforme unilatérale du Comité olympique italien, mettant en cause son autonomie, et pourrait entraîner l’exclusion de l’Italie des JO

Le Comité international olympique a adressé un courrier au Comité national olympique italien (CONI) pour l’alerter sur un projet de loi qui remettrait en cause son indépendance et pourrait, dans le pire des cas, entraîner une exclusion de l’Italie des Jeux olympiques.
Dans un courrier révélé mardi par le quotidien Corriere della Sera et dont l’AFP a obtenu une copie, le CIO exprime «ses graves inquiétudes» face à un projet de loi qui, s’il était adopté, «affecterait clairement l’autonomie du CONI». «Appartenir au mouvement olympique exige d’être en conformité avec la charte olympique», rappelle le CIO qui estime donc que l’adoption de ce texte aboutirait à rendre l’organisation «non conforme aux principes de la Charte olympique».
«Décisions unilatérales du gouvernement»
Dans sa lettre adressée à Giovanni Malago, président du CONI, James Macleod, directeur des relations avec les Comités nationaux olympiques (CNO), suggère des amendements au projet de loi et souligne que le CONI ne devrait pas, comme le prévoit le texte initial, «être réorganisé par des décisions unilatérales du gouvernement».
L’Italia rischia di rimanere fuori dalle Olimpiadi 2020: “La riforma del Coni voluta dal governo non va” https://t.co/KZ3ituDm63
— Corriere della Sera (@Corriere) 7 août 2019
Le CIO propose également la tenue «cette semaine» à Lausanne d’une réunion avec le CONI afin «d’aider à régler la question». Contactée par l’AFP, une source proche du CONI a estimé que «la situation est compliquée».
Le CIO rappelle également le contenu de l’article 27.9 de la charte olympique qui prévoit qu’en cas de transgression de la charte, la commission exécutive du CIO peut prendre «toutes décisions appropriées pour la protection du Mouvement olympique dans le pays d’un CNO, notamment la suspension ou le retrait de la reconnaissance d’un tel CNO» si la constitution, la législation, ou d’autres réglementations en vigueur dans ce pays, ou tout acte d’un organisme gouvernemental ou de toute autre entité, ont pour effet «d’entraver l’activité du CNO».
«Respect de la charte olympique»
Le parlement italien a adopté mardi soir, quelques heures après la publication de la lettre du CIO, une loi-cadre qui autorise le gouvernement à réformer l’organisation du sport au niveau olympique. Mais les parlementaires se sont défendus mercredi d’avoir voulu mettre en danger l’indépendance du CONI.
«Nous avons réussi à faire adopter un ordre du jour [un document juridiquement non contraignant, ndlr] qui engage le gouvernement à exercer ses prérogatives, dans le respect de la charte olympique», a déclaré le sénateur Claudio Barbaro, cité dans la presse.
En 2017: Jeux olympiques: la Russie suspendue, pas ses athlètes
Le gouvernement italien dispose d’un an maximum pour approuver les décrets d’application concrets de cette loi-cadre. «Maintenant, il y a la seconde partie du travail à faire […] avec les décrets législatifs et d’application […] Dans ce cadre nous allons clarifier les doutes qui naissent d’un malentendu, comme le démontre la lettre du fonctionnaire du CIO», a déclaré Giancarlo Giorgetti, secrétaire d’Etat chargé des sports et, surtout, bras droit de Matteo Salvini, chef de la Ligue et homme fort du gouvernement.
Cette question surgit moins de deux mois après la désignation fin juin de Milan-Cortina d’Ampezzo pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2026, aux dépens de Stockholm.
En 2015, pour un cas d’ingérence, le CIO avait suspendu le Comité national olympique du Koweït. Ses athlètes avaient participé sous drapeau neutre aux JO de Rio-2016 avant que la suspension ne soit levée en juillet dernier.
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