Avec Marcel Koller, le FC Saint-Gall a trouvé le messie qui lui redonne sa fierté
FOOTBALL
Le club alémanique n'a pas quitté les premières places du classement de LNA depuis le début du championnat. Ses nombreux supporters voient dans ces bons résultats une revanche contre la puissance zurichoise
Du restaurateur au supporter, du concierge du stade au président du club, l'avis est unanime: si le FC Saint-Gall vole de succès en succès, c'est grâce à Marcel Koller, son entraîneur. Prévenant envers chacun, ferme lorsqu'il s'agit d'obtenir ce qu'il désire, l'ancien international, 40 ans l'an prochain, ne récolte que des louanges. Lorsqu'on lui rapporte ces compliments, le chef se fait tout petit sur sa chaise: «C'est trop, car finalement je ne fais que mon travail. Et puis avec de bons résultats, tout est plus facile.»
Il n'empêche. Dans les couloirs du vétuste Espenmoos, les luttes de clan qui avaient jusqu'à cette saison tué l'esprit de groupe sont oubliées. «Tout le monde tire à la même corde, fonce vers le même but», explique Oliver un des trois employés permanents du club. Lequel? Personne ne le sait vraiment. L'important, c'est de le faire ensemble.
Frustrée de succès sportifs depuis le passage, il y a dix ans, d'Yvan Zamorano, le buteur qui porte aujourd'hui les couleurs de l'Inter de Milan, toute la région vit désormais au rythme de ses nouveaux héros. «Les gens d'ici vivent pour le football, pour le club. C'est la seule possibilité pour eux de démontrer au reste de la Suisse qu'ils existent. Avec les victoires de cet automne, leur fierté a été décuplée. Et leur gratitude dépasse tout ce que j'avais pu vivre jusqu'à présent», raconte Marcel Koller qui pendant 18 ans a fait les beaux jours du milieu de terrain de Grasshoppers.
Venant d'un des anciens piliers zurichois, le compliment est particulièrement mélodieux aux oreilles de tous les fidèles qui sont nombreux (plus de 8000 spectateurs de moyenne cette saison). Car si les supporters éprouvent du plaisir à chaque victoire de leurs favoris, un succès contre l'ennemi numéro un, GC, se transforme en jouissance. Pas étonnant dès lors que les deux renvois, dimanche et mardi, de la rencontre contre le «symbole de la richesse et du pouvoir» aient provoqué des frustrations. «C'est vrai qu'il y a beaucoup de neige sur la pelouse. Mais, dimanche, nous aurions pu jouer. Cependant, GC avait peur et l'arbitre n'a fait qu'appliquer la volonté des Zurichois», estime Ueli Habersaat, membre de la direction générale. Qu'importe. Le chaudron est prêt pour le 1er décembre, nouvelle date du derby. Tellement d'ailleurs qu'un fauteuil de neige a été érigé le long d'une ligne de touche invisible, avec sur l'un des accoudoirs une bouteille de Perrier. «C'est pour The King Roy (n.d.l.r.: Hodgson, entraîneur de GC). Un roi doit avoir un trône à la hauteur de sa réputation. Nous savons recevoir nos hôtes», plaisante Ueli Habersaat.
Devant le siège de glace, Marcel Koller rigole: «Il a été construit par les joueurs, en groupe». Pour lui, fin psychologue, c'est la preuve qu'il a atteint un de ses objectifs: créer une solidarité. «Elle est essentielle, car il n'y a aucune star dans l'équipe.» Ainsi, même Marco Zwissig, pilier inamovible du club depuis plusieurs saisons, s'est retrouvé sur le banc. Quant à Charles Amoah, leader du classement des buteurs de LNA avec 13 réussites, il sait qu'il doit une bonne partie de ses exploits à ses camarades. D'ailleurs, malgré les offres alléchantes de plusieurs grands clubs, le Ghanéen a affirmé qu'il restera au moins jusqu'à la fin de la saison.
Même si tout baigne dans le champagne, Marcel Koller ne se laisse pas gagner par l'euphorie. Il sait que son équipe, bien que meilleure que par le passé, n'est pas tout à fait à sa place: «Les contre-performances de GC et de Servette ont considérablement facilité notre parcours. Et si Lausanne n'avait pas manqué son début de championnat, nous ne serions pas leader. Ce qui n'enlève rien au mérite des joueurs: depuis la saison dernière, ils ont appris que le minimum, à savoir une qualification pour le tour final, n'est plus suffisant.» Plus que tout, l'entraîneur domicilié dans le canton de Zurich redoute la pause hivernale: «Nous prendrons quatre semaines de vacances. Après il faudra tout reconstruire. Et éviter que les rumeurs de transferts ne pourrissent à nouveau l'ambiance. Saint-Gall a toujours eu la fâcheuse habitude de se relâcher au printemps.»
Un scénario que les supporters auraient de la peine à pardonner. Car eux, l'euphorie de la victoire, ils adorent. Au point, parfois, d'en perdre la raison. Comme cet homme qui vit en vert et blanc et à qui le club permettra de demander la main de Maria avant un match du tour final au printemps prochain. Preuve s'il en est qu'entre le FC Saint-Gall et ses supporters, il y a bien une histoire d'amour. Certains seraient-ils jaloux?