Mais ils n'en sont pas moins en alerte. Parce qu'à cette allure, sous gennaker (grand-voile d'avant correspondant au spi sur les autres voiliers), le risque de chavirage est maximal. Lionel Lemonchois en a fait l'expérience: «J'ai bien failli me mettre sur le toit», a avoué le navigateur normand. «C'était plus de ma faute que de celle du bateau qui s'est mis sur la tranche. Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur.»
Les risques de pirouette étant plus élevés sous pilote automatique, les navigateurs essaient de barrer le plus possible. C'est la raison pour laquelle le PC de la course, à Paris, a eu du mal hier à joindre les skippers des trimarans de 60 pieds pour la vacation radio quotidienne. Et Stève Ravussin n'a pas pu livrer au Temps son carnet de bord.
A ce rythme, les premiers pourraient torcher cette traversée de l'Atlantique en neuf jours et exploser le record de l'épreuve - 12 jours, 8 heures, 41 minutes - détenu depuis 1998 par Laurent Bourgnon. «Il faut quand même faire gaffe, je ne suis pas sûr qu'on pourra tenir ce rythme tout le temps», prévient Pascal Bidégorry, l'un des trois skippers joints par l'organisation.
Hier en fin de journée, les multicoques s'approchaient de l'archipel des Açores avec plusieurs options stratégiques qui se dessinaient, entre ceux qui devaient passer à l'intérieur, ceux qui le contournaient par le sud et ceux qui restaient au nord.
La lutte est intense aussi chez les monocoques de 60 pieds. Roland Jourdain a pris la tête au détriment de Jean-Pierre Dick, relégué à la deuxième place après avoir été arrêté net dans son élan par un objet mou. Peut-être un mammifère. Le Niçois a plongé sous la coque, sans résultat, avant de pouvoir finalement reprendre une allure normale. Dominique Wavre, qui, comme prévu, tâtonne avec son voilier neuf, est cinquième.