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A New York, Martina Hingis franchit l'obstacle Iva Majoli dans la douleur

La Saint-Galloise a dû batailler 2 h 25' pour battre la Croate en seizième de finale de l'US Open. Défaite en cinq sets du Vaudois George Bastl face au Russe Evgueni Kafelnikov.

Où va Martina Hingis? A l'approche de ses 21 ans (le 30 septembre prochain), la Saint-Galloise se pose peut-être elle-même la question. Dans ce tournoi, d'abord, où elle n'a dû qu'à un petit miracle son médiocre succès sur Iva Majoli (4-6, 6-4, 7-6), 25e joueuse mondiale, au troisième tour, mais aussi en Grand Chelem en général. Après avoir glané cinq titres majeurs entre janvier 1997 et janvier 1999, Hingis vit depuis une inquiétante traversée du désert, dont le terme paraît plus incertain que jamais. Réputée pour la technicité de son jeu, son intelligence sur le court, la résidente de Trubbach est l'une des principales victimes de l'émergence de la dimension physique et athlétique dans le tennis féminin. Jadis dominatrice, Hingis subit de plus en plus nettement la puissance des grandes frappeuses du circuit.

La Croate Majoli en est le dernier exemple en date. Très convaincante sur son coup droit, ponctuant la rencontre de remarquables accélérations qui laissaient la Suissesse interdite, la lauréate de Roland-Garros 1997, aux dépens de cette même Hingis, a bien failli venir à bout de la numéro un mondiale en deux manches sèches. Perdant à deux reprises son engagement lors de ses trois premiers jeux de service, la native de Kosice n'affichait rien de la vivacité qui a fait jadis sa force. Beaucoup plus incisive, jouant long, prenant ostensiblement la direction du jeu, Majoli enlevait le premier set en 32 minutes (6-4). «Je dois être plus agressive, reconnaissait Hingis à l'issue de la rencontre. Durant ce match, je me suis sentie constamment sur la défensive.» Manquant de rythme, d'allant, Hingis se retrouva même menée 3-2 dans le deuxième set, avant d'opérer un retour qui n'avait rien de convaincant (de 3-2 à 3-4).

Son principal mérite a d'ailleurs été de garder la balle dans les limites du court et, par ce biais, de pousser Majoli à la faute. Victime de blessures à la main et la cuisse droite qui allaient demander l'intervention d'un soigneur durant la rencontre, la Croate allait ainsi faciliter quelque peu la tâche d'Hingis. Pourtant, celle qui pourrait perdre la tête du classement féminin à l'issue de cet US Open, après plus de 200 semaines à sa tête, eut toutes les peines du monde à s'imposer, ne prenant jamais l'ascendant sur sa rivale. Sous les yeux de sa mère, Melanie Molitor, visiblement angoissée, Hingis dut même recourir à un tie-break lors du troisième set pour ramener Majoli à la raison. Un jeu décisif qu'elle faillit perdre, menée un temps 5-4, incapable qu'elle était de faire elle-même la décision (seulement 21 points gagnants sur la totalité de la partie). Commettant la bagatelle de 32 fautes directes dans la dernière manche, Majoli tombait finalement, les armes à la main. Menacée jusqu'au bout, Hingis pourrait connaître de nouvelles frayeurs face à Arantxa Sanchez-Vicario, brillante gagnante de Dokic en deux sets, même si celle-ci ne se situe pas dans le registre de puissance si gênant pour la Suissesse.

Un registre bien connu de George Bastl, issu des qualifications, qui a bien failli gâcher la matinée d'Evgueni Kafelnikov, septième joueur mondial au classement technique. Classé, lui-même, au 120e rang mondial, Bastl, qui disputait là son cinquième match à New York (trois rencontres de qualification et deux tours dans le grand tableau), agressait véritablement le Russe, habitué des départs lents. Réalisant un premier set proche de la perfection (2 fautes directes seulement), il enchaînait sur une deuxième manche nettement plus accrochée, qui allait sonner le réveil de Kafelnikov. «Le deuxième set m'a coûté pas mal d'énergie parce que j'ai dû hausser mon niveau de jeu pour ne pas le laisser filer», commentera plus tard Bastl. Menant deux sets à rien (6-2, 7-5), le Suisse connaissait alors, de son propre aveu, «un sérieux passage à vide». Perdant le troisième set 1-6, il aura au moins eu le mérite de ne jamais abandonner la partie, osant même monter plus régulièrement au filet sur les deux derniers sets. Une défaite pleine de panache, donc.