Nicola Spirig, une tentative de record en guise de pot de départ
Triathlon
Championne olympique en 2012, la triathlète zurichoise prendra sa retraite sportive au terme de la saison qui débute. Mais avant cela, elle entend marquer l’histoire de sa discipline en terminant un ironman en moins de huit heures

Le 4 août 2012, Nicola Spirig remporte le triathlon des Jeux olympiques de Londres. Au bout d’une heure, 59 minutes et 48 secondes d’effort, elle franchit la ligne d’arrivée avec… 9 centièmes d’avance sur la Suédoise Lisa Nordén. A ce moment-là, elle a 30 ans, trois titres de championne d’Europe derrière elle et des envies de maternité – elle accouchera d’ailleurs de son premier enfant en 2013. Alors, avec son compagnon Reto Hug, lui aussi triathlète, elle se pose franchement la question: en a-t-elle terminé avec sa carrière sportive?
Finalement, un objectif en appelant un autre, la passion l’emportant sur le reste, elle a rempilé pour une saison. Puis une autre. Et ainsi de suite. Il aura finalement fallu attendre une décennie pour que, ce mercredi 6 avril 2022, elle annonce formellement sa retraite sur son site internet. «Rétrospectivement, je suis heureuse d’avoir pu rester dix ans de plus dans le sport de haut niveau, et accumuler de nombreuses expériences, succès et souvenirs. Mais le moment idéal, pour moi et ma famille, est arrivé.»
L’inspiration Kipchoge
Entre-temps, la Zurichoise a participé à deux olympiades supplémentaires. A Rio de Janeiro, en 2016, elle s’incline cette fois dans la lutte pour la médaille d’or face à l’Américaine Gwen Jorgensen. Elle a des circonstances atténuantes: plus tôt dans l’année, une grave blessure à la main avait largement perturbé sa préparation. Ce qui ne l’empêcha pas de monter sur la deuxième marche du podium. A ce jour, elle reste la seule triathlète à avoir gagné plus d’une médaille olympique. Cinq ans plus tard, à Tokyo, elle a dû se contenter du sixième rang.
Au final, elle aura participé à cinq éditions des JO, s’accrochant à l’élite pendant plus de vingt-cinq ans, collectant sept titres individuels aux Championnats d’Europe et plusieurs médailles aux Mondiaux.
Attention: à 40 ans, et après trois grossesses, Nicola Spirig demeure extrêmement compétitive. En atteste le dernier défi qu’elle s’est fixé, dans l’esprit d’un pot de départ à la retraite: le dimanche 5 ou le lundi 6 juin prochain, elle tentera de devenir la première femme à parcourir un ironman en moins de huit heures. La plus rapide sur cette version longue distance du triathlon (3,8 km de natation, 180 km de vélo, 42,195 km de course à pied) est à ce jour la Britannique Chrissie Wellington en 8h18'13.
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Au départ du marathon de Zurich
Ce ne sera pas lors d’une course classique, mais d’un événement évoquant la tentative (réussie) d’Eliud Kipchoge de courir l’équivalent d’un marathon en moins de deux heures. Nicola Spirig et la Britannique Lucy Charles-Barclay s’élanceront dans des conditions jugées idéales, sur et aux abords d’un circuit automobile en Allemagne, avec le concours de dix meneurs·euses d’allure. Intitulé «Sub8», le projet a son pendant masculin («Sub7»). Le Norvégien Kristian Blummenfelt et le Britannique Alistair Brownlee tenteront eux de boucler leur pensum en moins de sept heures.
La préparation de Nicola Spirig a une nouvelle fois été compliquée par quelques côtes et une clavicule cassées à la suite d’une chute à vélo en février. Mais cela n’altère pas l’enthousiasme de celle qui tient son défi pour «pratiquement impossible»… et donc carrément fascinant. En attendant, elle prendra ce dimanche le départ du marathon de Zurich, première étape de sa dernière saison sportive, dont le calendrier précis n’est pas arrêté.
Au-delà, la Zurichoise ne manquera pas de projets. Juriste de formation, elle est également professeure de sport et engagée dans le développement de sa discipline favorite auprès des plus jeunes. Le programme Kids Triathlon, lancé notamment par sa propre fondation en 2014, essaime déjà dans une dizaine de villes du pays.