Zinédine Zidane: On en fait beaucoup trop à mon goût.
– Donc vous êtes étonné?
– Un peu car, honnêtement, je joue toujours au football de la même manière. Je n'ai rien changé dans mes habitudes, ainsi que dans ma façon de vivre. Reste que l'intérêt qui m'est porté actuellement m'amuse quelque peu dans la mesure où les personnes qui me portent aux nues aujourd'hui sont les mêmes qui m'assassinaient la saison dernière alors que je n'étais pas bon en raison d'une blessure et d'une moins bonne préparation après la phase finale de la Coupe du monde 98.
– Mais vous n'étiez pas le seul responsable. La «Juve» n'allait pas très bien.
– C'est vrai que la cohésion de l'équipe n'était pas au top et nous n'avons guère brillé.
– Vous dites que rien n'a changé pour vous, mais c'est partiellement faux. Vous marquez des buts désormais.
– Effectivement. J'ai marqué récemment quatre fois de suite et cela ne m'était encore jamais arrivé. Cette soudaine efficacité a peut-être surpris les gens.
– Vous semblez aussi plus constant.
– C'est un fait, même si cela n'est pas complètement nouveau. J'avais déjà connu des périodes similaires lors de mes deux premiers exercices à la «Juve». Mais à part cela, mon jeu de même que mon rôle sur le terrain n'ont pas changé. Ma seule responsabilité consiste à m'adapter en fonction des attaquants qui se trouvent devant moi. Mais peut-être que j'ai pris un peu plus d'importance dans l'équipe. Il me semble aussi que je suis un peu mieux accepté dans celle-ci que par le passé.
– Les changements intervenus à la «Juve» sont-ils aussi pour quelque chose dans le formidable parcours de «Zizou» cette saison?
– Vous avez raison de le mentionner. Si l'équipe est redevenue elle-même, c'est avant tout parce qu'elle évolue de nouveau à onze. Pour reprendre une formule chère à mon ancien sélectionneur national, Aimé Jaquet, je dirais que le collectif est capital. Le nôtre va bien actuellement et sur le terrain, ça se remarque. Donc les résultats suivent. «Zizou», lui, n'est pas plus important que n'importe quel joueur.
– Comme vous y allez...
– Je ne fais que mon travail. J'apporte à l'équipe ce qu'elle est en droit d'attendre de moi. Un point c'est tout.
– Jusqu'à quand espérez-vous pouvoir demeurer dans l'état de grâce qui est le vôtre actuellement?
– Le plus longtemps possible bien sûr. Il y a tellement d'échéances importantes qui m'attendent: le championnat italien, la Coupe de l'UEFA et après, l'Euro 2000 avec les Bleus. Il va falloir m'accrocher. Comme on le disait tout à l'heure, le milieu est volatil. Il suffirait que je ne sois pas «présent» le jour J à l'Euro pour que je devienne un paria aux yeux de tous.
– Précisément, il y a peu, Platini a dit de vous que vous pourriez bien connaître un Euro triomphal.
– Puisse-t-il avoir raison. Cela n'est pas impossible en effet. Il me faudra pour cela tout mettre en oeuvre afin de ne pas arriver en forme trop tôt dans la compétition continentale. Mais depuis le Mondial 98, j'ai appris, je pense, à gérer ces périodes d'avant gros rendez-vous. Cela devrait donc aller. Reste qu'il va peut-être me falloir freiner un peu pour ne pas arriver épuisé à l'Euro. Car avec la multiplication des matches dont nous sommes victimes actuellement...
Propos recueillis par Y. T.