Publicité

Philippe Senderos de retour

Le Genevois fait son retour en équipe de Suisse, par la force des choses. Avant le match de samedi au Luxembourg, décisif pour la qualification à la Coupe du monde 2010, le joueur d’Arsenal se confie

Philippe Senderos n’aime pas trop fréquenter les médias, en général; ces derniers mois, en particulier. Souvent blessé, privé d’un transfert quasiment conclu avec Everton cet été, très peu aligné par Arsenal depuis, le Genevois a logiquement perdu sa place de titulaire en équipe de Suisse. Et de tout ça, il n’avait pas trop envie de parler.

Vendredi, à la veille d’un match au Luxembourg décisif dans la course à la Coupe du monde 2010 (voir ci-dessous), il est venu répondre aux questions des médias. Ramené sur le devant de la scène par la force des choses et par le jeu des circonstances.

Philippe Senderos, à cours de compétition, sait qu’il doit sa titularisation à la retraite anticipée de Patrick Müller, aux blessures de Johan Djourou, aux errements de Mario Eggimann, à l’inexpérience de Heinz Barmettler et, bien sûr, à la suspension de Stéphane Grichting. Mais il est déterminé à retrouver ses galons dans la défense helvétique, à goûter à nouveau aux saveurs d’une Coupe du monde. Il a connu tout ça en 2006, dans un rôle de pilier, à 21 ans. «C’est ce qu’il y a de plus beau», s’oublie-t-il au cœur d’un discours formaté mais efficace.

Le Temps: Si vous êtes là en conférence de presse, c’est parce que vous allez débuter la rencontre face au Luxembourg…

Philippe Senderos: Oui, je pense que je vais jouer. Je suis très content d’être de retour dans le groupe et sur le terrain [il n’a plus été titularisé depuis le match amical face à l’Italie au mois d’août]. Ça veut dire que le coach me fait confiance, c’est très important, d’autant plus que je ne joue pas beaucoup avec Arsenal [une seule apparition, en Coupe de la Ligue, face à West Bromwich Albion].

– Ce manque de compétition ne risque-t-il pas de peser samedi?

– Je m’entraîne beaucoup et je fais mon travail tous les jours. Je sais que l’entraînement ne remplace pas la compétition, mais je me sens bien. J’ai maintenant une certaine expérience avec l’équipe de Suisse et au plus haut niveau. J’espère bien faire samedi et conserver cette place.

– Avez-vous eu une discussion particulière avec Ottmar Hitzfeld?

– Oui. Il m’a dit que j’allais jouer, c’est tout. Ça se passe comme ça jusqu’à maintenant, les choses sont claires. Il fait jouer ceux qui sont titulaires en club et je comprends bien ça.

– Est-ce plus facile de faire sa rentrée contre le Luxembourg plutôt que face à un adversaire plus relevé?

– Nous aurons beaucoup le ballon et, pour les défenseurs, ce sera un match compliqué. Nous n’aurons peut-être pas beaucoup à défendre, mais il faudra être très concentrés parce qu’il y aura des contres.

– Comment envisagez-vous votre entente avec Steve von Bergen dans l’axe de la défense?

– On se connaît très bien, on a déjà joué ensemble avec les M21. On s’est bien entraînés cette semaine.

– Comment vivez-vous votre situation à Arsenal?

– Il y a beaucoup de joueurs à mon poste et ceux qui jouent sont bons. L’essentiel, c’est les résultats de l’équipe. Moi, je dois être patient, attendre l’opportunité. Je dois être prêt quand ça se présentera.

– Que reste-t-il de votre courte expérience à l’AC Milan, la saison dernière?

– Je n’aurais jamais imaginé jouer pour un tel club. Je dois prendre le positif, c’était une super-expérience, un rêve. Après, je me suis blessé, c’est comme ça… Mais j’ai joué à l’AC Milan [16 matches, 1 but], une chance que peu de joueurs ont eue, et je suis de retour à Arsenal, l’un des meilleurs clubs d’Europe. Je ne peux pas me plaindre.

– Si votre temps de jeu n’augmente pas, envisagerez-vous un transfert cet hiver?

– Non, pas pour l’instant. J’ai un contrat avec Arsenal jusqu’à la fin de la saison et je veux le respecter.

– Regrettez-vous que les contacts très avancés avec Everton n’aient pas abouti l’été dernier?

– Non, pas du tout. Si ça s’est passé comme ça, c’est que cela ne devait pas se passer autrement. C’est que je ne devais pas partir, que j’avais encore quelque chose à donner à Arsenal. Ça a failli se faire mais à la fin, ça n’a pas marché. Il y a eu la blessure de Djourou et Arsenal a voulu me garder.

– Quand avez-vous parlé avec Arsène Wenger pour la dernière fois?

– (Sourire). On parle tous les jours à l’entraînement. Je suis assez intelligent pour comprendre la situation. Il y a des joueurs qui ont besoin qu’on leur donne des explications quand ils ne jouent pas, d’autres pas.

– A quelle catégorie appartenez-vous?

– Tout dépend de la situation.

– Comment jugez-vous celle de l’équipe de Suisse, avant les deux derniers matches?

– Nous sommes clairement les favoris et nous devons jouer en tant que tels, tout en évitant l’excès de confiance. Nous sommes premiers du groupe maintenant et, avec trois points d’avance au classement, nous avons de très bonnes chances pour la qualification.

– Un an après, quel regard portez-vous sur la défaite du match aller à Zurich?

– On est dans une tout autre situation. Après, sans se mettre de pression supplémentaire, c’est évident qu’on doit remettre les choses au clair par rapport à la défaite de Zurich. L’équipe a appris de ce match, elle a grandi. C’était peut-être le déclic. Depuis, on est montés en puissance.

– Au point d’entrevoir une qualification pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud. Y songez-vous?

– Une Coupe du monde, c’est toujours spécial, c’est la plus grande chose qu’on puisse atteindre, c’est ce qu’il y a de plus beau. Nous devons nous servir des émotions de 2006 pour connaître les mêmes, voire mieux, en 2010. Mais on essaie de ne pas y penser, on se concentre sur le match, les trois points.

– Que représenterait cette qualification sur votre CV de footballeur?

– C’est clair qu’à titre personnel, avoir joué deux Coupes du monde et un Euro à 25 ans, ce serait très positif. Mais ça, c’est plutôt en fin de carrière, depuis son canapé, qu’on y réfléchit.