Willi Weber rêve d'ailleurs d'un scénario idéal pour ses poulains. «Cette année, c'est Michael Schumacher qui sera champion du monde et l'année prochaine, ce sera au tour de Ralf. Avec Ralf, j'aimerais ensuite remporter beaucoup de titres mondiaux…» affirmait le rusé manager quelques jours avant le rendez-vous du Grand Prix d'Allemagne de ce week-end, où les deux frères vont se retrouver sous pression.
Weber, qui affirme se placer en retrait de la lutte qui oppose les Schumacher sur la piste, peut se féliciter d'avoir sous contrat deux des vedettes de la F1. Un peu roublard et dur en affaires, Willi Weber est d'ailleurs en procès avec un journaliste de la télévision allemande, Burkard Nuppeney, qui revendique la découverte de la perle «Schumi» avant que Weber ne lui fasse signer un contrat d'exclusivité.
C'était en 1988 et Weber possédait alors sa propre écurie de F3. A la recherche de jeunes pilotes prometteurs, il avait entendu parler d'un certain Schumacher sans même l'avoir vu courir. Mais après avoir assisté à une course de Formule Ford du jeune Michael, il lui proposa sur-le-champ un test en F3 et dans la foulée lui fit signer un contrat avec, en échange, la promesse de lui financer sa première saison de F3.
Aujourd'hui encore, les deux hommes peuvent se féliciter de s'être rencontrés et d'avoir associé leurs talents respectifs. Sur le plan sportif, Michael a toujours été au bon endroit au bon moment, et grâce au sens des affaires de Willi Weber il a vu croître sa fortune grâce à un catalogue de plus de 300 produits dérivés griffés Schumacher. La société Weber Management, malgré quelques récents ennuis fiscaux, emploie près d'une vingtaine de collaborateurs et multiplie ses bénéfices.
Heureux en affaires avec Michael, Willi Weber n'a pas procédé autrement avec le jeune Ralf. Le manager allemand considère d'ailleurs que sur le strict plan du pilotage, Ralf n'a rien à envier à son grand frère. Ayant gagné la confiance du clan Schumacher, Willi Weber a naturellement été amené à rencontrer Ralf lorsque celui-ci tentait de suivre les traces de son frère en monoplace, après l'avoir déjà imité en kart. «Un seul essai de Ralf m'a autant convaincu sur ses capacités que celui que j'avais fait faire à Michael.»
Si l'ascension fut un peu plus laborieuse pour le cadet, avec un exil au Japon, le résultat est presque aussi convaincant. D'abord engagé par Jordan en 1997, Ralf Schumacher a ensuite été enrôlé par Williams à partir de 1999 et fait désormais partie du gratin de la F1. Il a atteint sa maturité de pilote et pourrait bien succéder à son frère Michael au palmarès, une fois que celui-ci aura pris sa retraite, probablement à la fin de la saison 2006. Weber lui se frotte les mains. D'ici là, il est certain de gagner sur tous les tableaux.