Tout ça pour ça! Fernando Alonso, champion du monde en titre, et Michael Schumacher, son plus farouche opposant depuis le début de la saison, n'ont pu faire que ce désolant constat à l'issue du Grand Prix de Hongrie, au cours duquel ils ont connu toutes les émotions et affronté autant d'embûches. Finalement, après avoir cru tenir la chance chacun leur tour, aucun n'est parvenu à faire le break. Tout juste «Schumi» a-t-il pu récupérer un petit point au championnat suite au déclassement du Polonais Robert Kubica.

Pourtant, après une belle série de trois succès, Michael Schumacher et Ferrari étaient arrivés en Hongrie avec la ferme intention d'enfoncer le clou, convaincus que Renault traversait une mauvaise passe. C'est le genre de situation dont sait toujours profiter le septuple champion allemand. Vendredi soir, il avait l'impression que la réussite était à nouveau dans son camp. Son principal adversaire venait en effet d'écoper d'une lourde pénalité pour s'être «expliqué» en piste avec un autre pilote qui l'avait gêné. Alonso avait même aggravé son cas en négligeant un drapeau jaune (qui impose de lever le pied). Convoqué par les commissaires de piste, il se voyait infliger un handicap de deux secondes à venir sur ses meilleurs temps en qualification. Une sanction qui le condamnait à partir - au mieux - du milieu de la grille. Avec une voiture en net regain de forme, Michael Schumacher pouvait se réjouir de la nouvelle.

Erreur de débutant

Pas pour longtemps toutefois. Il commettait une incroyable erreur de débutant samedi matin en ignorant, à son tour, un drapeau rouge qui signifie la neutralisation d'une séance d'essais ou d'une course. Sur le papier, cette faute étant plus grave que celle d'Alonso, l'Allemand ne pouvait pas échapper lui non plus à une sanction. Histoire de ne pas être accusé d'avantager Ferrari dans la course au titre, les commissaires sportifs appliquaient le même tarif.

Très remontés, les deux hommes faisaient alors étalage d'un brio hors du commun lors des essais chronométrés pour limiter la casse. Schumacher survolait la concurrence et se classait onzième, tandis qu'Alonso faisait à peine moins bien pour se hisser en quinzième position. Sur un circuit tortueux connu pour ne pas favoriser les dépassements, le plus dur restait à faire pour les deux hommes. Avec une priorité absolue: éviter la bousculade du départ et grignoter un maximum de points.

Le dimanche, Alonso et Schumacher faisaient grise mine en voyant la pluie tomber sur Budapest. Un problème de plus à résoudre. Mais les deux virtuoses ne sont pas champions du monde pour rien. A la fin du premier tour, l'Allemand et l'Espagnol pointaient respectivement à la quatrième et à la sixième place.

Un festival qui se termine dans le décor

L'exploit était déjà de taille, mais la suite fut plus grande encore. Dès le quatrième tour, Fernando Alonso s'attaquait à son principal adversaire et parvenait à l'humilier lors d'un dépassement d'anthologie. Sur la piste détrempée, Alonso faisait un festival pour s'installer en tête de la course après 17 tours. En difficulté avec ses pneus, Michael Schumacher rétrogradait, se payant une bousculade avec l'autre Renault de Fisichella, au point de devoir changer son aileron avant chiffonné.

Rien de tel pour Alonso qui profitait de l'accident du Finlandais Kimi Raikkonen pour conforter sa mainmise sur la course. Sa marche triomphale était arrêtée de manière spectaculaire après son dernier arrêt au stand lorsqu'un élément mécanique lâchait (écrou, arbre de transmission?) et l'Espagnol partait dans le décor. Le week-end allait se finir comme il avait commencé. A moins de tours de l'arrivée, Michael Schumacher était à nouveau candidat au podium.

Mais «Schumi» est un incorrigible guerrier qui refusera toujours la défaite, même avec des pneus à l'agonie. Après s'être déjà frotté à la McLaren-Mercedes de Pedro de la Rosa et avoir court-circuité à deux reprises une chicane, l'Allemand ne cédait rien à son jeune compatriote Nick Heidfeld, survolté à l'idée de monter sur le podium. A trois tours de l'arrivée, Michael Schumacher donnait le coup de volant de trop et endommageait sa suspension avant lors d'un contact avec la BMW-Sauber. Il en restait là. Tout ça pour ça!