Remporter coup sur coup trois des plus grandes compétitions des sports équestres: le défi semblait impossible. Et pourtant, le numéro un mondial Scott Brash l’a fait en s’imposant cette nuit à Calgary après avoir déjà gagné les derniers Grand Prix d’Aix-la-Chapelle et de Genève avec son incroyable hongre Hello Sanctos. Il devient le premier cavalier du monde à réussir ce défi et nul observateur n’est sûr de vivre assez longtemps pour revoir pareille performance.

Au niveau sportif, l’exploit est immense tant le niveau est aujourd’hui élevé en saut d’obstacles. Le classement mondial montre très peu de points de différence entre les 10 meilleurs cavaliers du circuit comparé par exemple au tennis où les écarts entre les joueurs sont bien plus importants. Et le format même du saut d’obstacles, des parcours d’une minute à peine où une faute est impossible à rattraper, rend les résultats peu prévisibles.

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Une grosse polémique pesait en outre sur les épaules de l’Ecossais Scott Brash. Pour se donner les meilleures chances de réussir son Grand Chelem, il a fait l’impasse sur les Championnats d’Europe qui se sont achevés il y a trois semaines à Aix-la-Chapelle. Préférer un challenge très bien doté à un championnat est déjà mal vu. Mais en plus, l’équipe britannique devait décrocher aux Européens une des trois dernières places qualificatives pour les Jeux olympiques de Rio. Refuser d’aller lui prêter main-forte pour courir le cachet a été âprement critiqué par certains de ses compatriotes… Et même si avec sa quatrième place, la Grande-Bretagne a acquis à Aix-la-Chapelle le droit d’aller défendre son titre aux prochains Jeux olympiques, la polémique n’était pas complètement retombée.

C’est dire si la pression était grande sur les épaules de Scott Brash au départ du Grand Prix de Calgary dimanche. «Au premier tour, on sentit la pression et la nervosité ambiante», raconte le journaliste Alban Poudret sur le site du «cavalier romand». «Scott Brash était moins serein que d’habitude et Hello Sanctos […] assez chaud.» Et pourtant, l’Ecossais fut le seul cavalier à réaliser un double sans-faute sur ce parcours extrêmement difficile, ce qui lui a offert du même coup ce Grand Chelem, un exploit qui risque de rester longtemps inégalé.

Pour la seule journée du dimanche à Calgary, Scott Brash a empoché 1 400 000 francs suisses. Sans compter le bonus spécial du Grand Chelem, Hello Sanctos a déjà remporté plus de 1 million de francs de gains sur la seule année 2015. L’an passé, c’était près de 500 000 euros. Ces chiffres astronomiques pourraient donner à penser que le Britannique de 29 ans sort son crack tous les week-ends pour courir le cacheton, mais ce n’est pas le cas. Il le ménage, mais se classe à presque chaque sortie. Hello Sanctos n’est pas l’animal le plus impressionnant du circuit, mais il est sans doute le plus régulier et le plus respectueux. Et le plus rentable.

Un défi récent

Le Grand Chelem a été créé en avril 2013 par Rolex. Longtemps principal partenaire de la Fédération équestre internationale et de la Coupe du monde, la marque horlogère avait été remplacée dans ce rôle par Longines. Elle a rassemblé trois Grands Prix importants qu’elle soutenait de longue date, soit Genève, Aix-la-Chapelle et Calgary, en un Grand Chelem. Le cavalier qui parviendrait à remporter ces trois compétitions à la suite recevrait une prime spéciale de 1 million d’euros.