Publicité

«Simi», héros déchu, donne un nouvel élan à sa carrière

Simon Ammann et Andreas Küttel signent le premier doublé suisse de l'histoire.

Les professionnels de la branche se passent le mot depuis plusieurs semaines: Simon Ammann est de retour au premier plan. Rumeur colportée par l'intéressé lui-même: «Je n'ai jamais eu autant confiance en moi.»

Les sauteurs à skis savent mieux que quiconque le poids de la pression. «Pour bien voler, il faut partir l'esprit léger», a souvent répété Adam Malysz. Libéré du devoir de réussir - tout en étant espiègle, héroïque et croquignolet - Simon Ammann a renoué avec la victoire, samedi, sur le tremplin de Lillehammer, où il a signé avec Andreas Küttel le premier doublé suisse de l'histoire.

Les complices aux ressemblances troublantes ont confirmé dimanche, en prenant les quatrième et cinquième places. «J'étais optimiste, mais pas autant», a reconnu l'entraîneur Berni Schödler.

Pendant l'été, le technicien a remodelé la corpulence de Simon Ammann, pénalisée par l'introduction en 2003 d'un indice de masse corporelle - mesure contre l'anorexie. Pour un poids stable, la force motrice du double champion olympique a augmenté de 8%. Ces avancées ont permis de tonifier l'élan - l'éternel point faible - et l'envol sur la planche.

Le matériel, aussi, a évolué. Et à force de progrès, Simon Ammann s'est senti pousser des ailes. «Je suis redevenu patient. J'ai vu que la nouvelle orientation payait et j'ai évacué le reste de ma tête.»

Le reste n'était pas rien. C'était même tout le problème. Depuis ses quatre sauts de Salt Lake City, quatre bonds pour entrer au firmament, Simon Ammann n'était qu'un produit de l'idolâtrie. C'était un phénomène de foire un peu paumé, trimbalé de banquets en plateaux télé dans un grand manteau gris. C'était un conte de fées et, très vite, ce ne fut que de l'histoire ancienne.

Le Saint-Gallois expliquait l'an dernier: «En général, j'ai toujours un demi-kilomètre/heure de retard sur les autres, mais je compense en étant très relâché. Là, plus je peine, plus je me crispe. Et plus mes difficultés grandissent.»

Les Jeux de Turin l'ont rappelé à sa condition de héros. Malgré tous ses efforts pour ne pas ressembler à Harry Potter, malgré sa crinière teinte en blond, malgré ses verres de contact, l'imaginaire a survécu à l'évidence. «Simi» n'était pas libre. Certains disaient même qu'il ne savait plus voler.

Subsistait un secret espoir, des croyances anciennes, parfois bonnes à prendre, comme la magie des Jeux. Mais Ammann est tombé dès le premier saut et, avec lui, l'attente exubérante des thuriféraires. Il est tombé de haut, de très haut. «Je vis des moments douloureux», a-t-il soupiré.

Mais sa contre-performance l'a aussi débarrassé d'une attention pesante. Soulagé, libre comme l'air, Ammann revit. «Les Jeux de Salt Lake City ont vraiment pris fin en février dernier, à Turin», a-t-il avoué hier.