Malgré les protocoles sanitaires et des calendriers modifiés, les sports d’hiver continuent de subir des annulations d’épreuves dues à la pandémie de Covid-19, qui affectent largement leurs finances. «90% des fédérations vont faire faillite et le sport d’hiver sera mort» si jamais les différentes saisons (ski nordique, ski alpin, freestyle, snowboard…) ne pouvaient pas avoir lieu. Le cri d’alarme avait été lancé en octobre par Wolfgang Maier, le directeur sportif de la Fédération allemande de ski (DSV).

Depuis, plusieurs disciplines comme le ski alpin, le freestyle, le saut à skis, et récemment le ski de fond et le biathlon ont pu lancer leurs saisons. Pour cela, la Fédération internationale de ski (FIS) et celle de biathlon (IBU) ont largement resserré leurs calendriers: pas d’étape en Amérique du Nord pour la première fois depuis quarante-sept ans en ski alpin, et des épreuves sur un même site pendant deux semaines au lieu d’une en biathlon.

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Les instances ont également mis en place des protocoles Covid-19 avec tests obligatoires avant et pendant chaque événement pour tous les participants. Les débuts ont été assez chaotiques, notamment parce que chaque compétition dépend également des autorités nationales, qui ont par exemple empêché les Suédoises de l’alpin, testées négatives, de skier en Finlande, parce que leur entraîneur avait été testé positif.

Malgré cette adaptation à la crise sanitaire, nombre de compétitions continuent d’être annulées après des fins de saison déjà largement amputées au printemps. Ces dernières semaines, le Japon (saut), la Norvège (saut, combiné, fond), l’Estonie (combiné), l’Italie (freestyle), la Chine (freestyle), les Etats-Unis (freestyle), la Russie (freestyle), l’Autriche (snowboard) ont tous supprimé des compétitions à cause du Covid-19.

Des finances dans le rouge

Résultat: les finances sont passées dans le rouge, entre les pertes liées aux droits TV, aux sponsors, aux factures des tests de dépistage et à l’absence de public pour des organisateurs de compétitions très populaires dans certains pays de l’Arc alpin (Autriche, Suisse).

La Fédération internationale de biathlon (IBU) est ainsi passée d’un léger bénéfice prévu à un budget annuel déficitaire de 2,8 millions d’euros pour la saison 2020-2021, selon les chiffres évoqués lors de son congrès tenu par visioconférence le 14 novembre.

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La Fédération internationale de ski (FIS), après avoir engrangé un bénéfice de 11,7 millions de francs sur la période 2018-2019 (les comptes sont réalisés sur deux ans), avait budgété dès avril un déficit total de 1,3 million de francs pour 2020-2021. Des pertes amenées à se creuser?

«La FIS a travaillé sur différents scénarios et -1,3 million est aujourd’hui un chiffre réaliste, mais nous savons bien que, tout comme pour la pandémie, la situation peut évoluer en bien ou en mal», répond à l’AFP le chef des services de l’instance, Andy Wenger.

Trésor fondu en bourse

La FIS, chargée de l’organisation des compétitions de ski (alpin, nordique, freestyle) et de snowboard, avait également la particularité de compter environ 126 millions de francs en actions et obligations sur les marchés financiers à fin 2019.

Un véritable trésor de guerre qui s’est retourné contre elle lorsque les marchés se sont effondrés au premier trimestre: au lieu de gagner 4,2 millions de francs grâce à son pécule, elle a budgété des pertes de 6 millions de francs. «Il y a toujours un risque sur les marchés financiers mais nous travaillons avec une stratégie d’investissement très prudente», explique Andy Wenger.

En avril, un rapport d’audit des comptes de l’instance d’environ 40 salariés et 50 contractuels louait la gestion financière «très juste» de l’organisation, mais alertait sur les conséquences de la crise en demandant la création d’une task force dédiée. Un conseil qui n’a pas été suivi.

Des annulations seraient fatales

Face aux difficultés, la FIS a aussi dû voler au secours des différents acteurs de ses sports en avançant de septembre à juin le paiement de ses subventions aux fédérations nationales, pour éviter des problèmes de trésorerie, et en proposant de prendre en charge quelque 20% des prix distribués.

Un dernier risque majeur pèse sur ses épaules: l’instance s’est portée garante des Mondiaux de ski alpin à Cortina (Italie, en février 2021) et des Mondiaux de vol à ski de Planica (Slovénie, déjà reportés de mars à décembre 2020) et devrait payer plus de 10 millions de francs suisses en cas d’annulation de ces deux événements.


Marc Gisin arrête sa carrière

Frère des championnes olympiques Dominique et Michelle Gisin, le skieur alpin Marc Gisin a annoncé lundi mettre fin à 32 ans à une carrière de onze ans en Coupe du monde, plus riche de blessures et de chutes que de podium. L’Obwaldien (mais né à Viège) ne compte aucune victoire en 98 départs. Le dernier eut lieu à Val Gardena, en décembre 2018. Une terrible chute mit fin à sa saison. La suivante, il ne s’estima pas prêt mentalement à reprendre. Il vient de prendre la même décision, définitivement cette fois.

«Depuis l’accident de Val Gardena, j’ai mis absolument tout en œuvre dans ma rééducation pour me remettre de cette blessure et j’ai essayé de donner à mon corps et surtout à mon cerveau le temps nécessaire pour récupérer», a expliqué Marc Gisin lundi sur ses réseaux sociaux. Spécialiste des épreuves de vitesse, il a finalement réussi les meilleurs résultats de sa carrière sur la terrible Streif de Kitzbühel (deux cinquièmes places), ce qui situe son potentiel.

Il fut malheureusement trop souvent freiné dans sa progression par des blessures: déchirure du ligament croisé du genou à Montana en 2012, traumatisme crânien à Kitzbühel en 2015. Revenu à un niveau suffisant pour participer à la descente olympique de Pyeongchang en février 2018 (21e), il fut victime d’une spectaculaire chute dix mois plus tard à Val Gardena, perdant l’équilibre juste avant un saut. Héliporté à l’hôpital avec plusieurs fractures des côtes et un poumon perforé, il soignera ses blessures mais plus jamais le doute qui s’était installé dans son esprit. LT