Ce sont 2 minutes, 26 secondes et 50 centièmes que les amateurs de sport suisse n’oublieront pas de sitôt. Parti avec le dossard numéro 1 à l’assaut de la piste du Lauberhorn, Beat Feuz a d’entrée signé le chrono qui allait mettre tout le monde d’accord. En triomphant de la mythique descente de Wengen, le Bernois s’est ainsi reconnecté à la grande histoire du sport national, autant qu’à ses plus beaux souvenirs: en 2012, il avait déjà gagné dans l’Oberland, au cours de la meilleure saison de sa vie jusqu’ici (deuxième du général de la Coupe du monde).

Le tranquille trentenaire est au top de sa forme, et cela tombe bien: les Jeux olympiques débutent dans moins d’un mois. Il n’y a pas plus important dans la vie d’un athlète. Les footballeurs refusent souvent de se projeter dans l’avenir au-delà du prochain match; les autres sportifs sont nombreux à observer un plan de quatre ans. Lors de la cérémonie de clôture des Jeux, ils se demandent s’ils se sentent les jambes, le cœur et l’âme de continuer jusqu’à l’édition suivante. Et si la réponse est affirmative, alors ils partent pour 48 mois d’un chemin tortueux d’objectifs divers mais à la destination clairement établie. Il faut tout faire pour y arriver à l’heure.

Lara Gut sur le podium

C’est pour ça que le skieur Carlo Janka, blessé au ligament croisé d’un genou voilà deux mois et demi, fait tout – sur les pistes et en coulisses, où Swiss-Ski tente de lui obtenir une invitation exceptionnelle hors minima qualificatif – pour être de la fête à Pyeongchang. C’est pour ça aussi que tous les sportifs bûchent pour arriver en Corée du Sud au climax de leur état de forme. Côté suisse, les résultats du week-end incitent à penser que beaucoup ont bien travaillé.

Car, au-delà de la brillante victoire de Beat Feuz, ils sont plusieurs à avoir réussi des performances très encourageantes. Chez les dames, Lara Gut a signé son deuxième podium de la saison en prenant la deuxième place du super-G de Bad Kleinkirchheim (Autriche). La Tessinoise, de retour cet hiver d’une grave blessure à un genou, ne saura concurrencer l’Américaine Mikaela Shiffrin au général de la Coupe du monde, mais elle se profile dans les temps de passage d’une médaille en Corée du Sud.

Carton en skicross

Le retour de Simon Ammann est encore plus spectaculaire. Depuis une chute violente en janvier 2015 lors de la Tournée des quatre tremplins, le sauteur à skis saint-gallois était devenu l’ombre de lui-même, accumulant remises en question profondes de sa technique et résultats loin des standards de sa riche carrière. Mais le quadruple champion olympique n’a pas son pareil pour se sublimer à l’approche des grands rendez-vous et, pour la première fois depuis mars 2015, il est monté sur le podium d’une épreuve de Coupe du monde à Bad Mitterndorf (Autriche). Avec des réceptions un peu plus propres, il aurait pu se battre pour la victoire.

Dans les disciplines moins médiatiques, les Suisses affûtent également leurs armes. En skicross, la délégation helvétique aux épreuves de Coupe du monde d’Idre (Suède) a réalisé une performance d’ensemble époustouflante: samedi, Alex Fiva a gagné devant Marc Bischofberger, tandis que Romain Détraz et Armin Niederer ont terminé quatrième et cinquième. Seul intercalé, le Français Jean-Frédéric Chapuis est, en plus, binational. Dimanche, Alex Fiva a encore terminé deuxième de la seconde épreuve du week-end, comme Fanny Smith chez les dames. En ski freestyle, enfin, le Grison Andri Ragettli a signé à 19 ans le troisième succès de sa jeune carrière en Coupe du monde. Tous ces athlètes peuvent aborder avec optimisme le sprint final vers les Jeux olympiques de Pyeongchang.