Ceux qui avaient savouré le spectacle lors des Jeux olympiques de Turin, ceux qui s'étaient délectés du sacre de dernière minute de la Suissesse Tanja Frieden à la barbe d'une Américaine victime de sa vanité, ceux-là apprécieront. Ils apprécieront l'arrivée du skicross dans le giron olympique. Pendant sur deux spatules du boardercross en snowboard, le skicross fera sa grande entrée lors des JO de Vancouver en 2010.

Aussi appelé skiercross ou ski X, ce sport est originaire des Etats-Unis. Né en 1997 lors de la première édition des Winter X Games, référence mondiale en termes de sports extrêmes, le skicross est rapidement monté en grade. En 2006, soit six ans après sa naissance, il a été reconnu par la Fédération internationale de ski (FIS) et il vient d'être accepté, le 1er décembre dernier, comme nouvelle discipline olympique par le bureau exécutif du Comité international olympique (CIO), réuni à Koweït City.

Une décision qui participe de la volonté de modernité affichée par le CIO et son président Jacques Rogge qui tient à intégrer les sports des nouvelles générations. Surtout lorsqu'ils sont spectaculaires et cartonnent en termes d'audience. La télégénie du boardercross aux JO de Turin en a fait la discipline la plus regardée outre-Atlantique pendant les joutes italiennes. Pour son intronisation dans le monde de l'olympisme, le boardercross avait fait exploser l'audimat de CBS et de la BBC et fait tribunes pleines à Bardonecchia. Ce qui était loin d'être le cas de sports plus classiques comme le ski alpin. Le skicross devrait donc logiquement tout aussi bien réussir son rite de passage en 2010 à Vancouver. Ces sports dits alternatifs, qui puisent leur succès dans leur rapprochement avec la culture urbaine du skateboard, ont été inventés dans les années 1990 justement pour doper l'audience des télévisions américaines.

Le principe du skicross, à mi-chemin entre le ski freeride et le motocross, et dont les règles sont exactement les mêmes que celles du boardercross, est assez simple: quatre skieurs (ou six selon les règles originelles) s'élancent à 80 km/h sur un parcours assez long et semé d'obstacles naturels ou artificiels tels que bosses, sauts ou autres rampes. C'est le premier à franchir la ligne d'arrivée qui l'emporte. Avant de pouvoir se mesurer à d'autres, les athlètes en lice doivent se qualifier lors d'épreuves individuelles. Des qualifications dont les trente-deux meilleurs pour les hommes et les seize premières pour les femmes sont retenus pour la phase finale de la compétition. Une phase au coude-à-coude où l'on ne se bat plus contre le chrono mais contre des adversaires. Ces courses, appelées aussi knock-out rounds, sont éliminatoires. A chaque fois, seuls les deux premiers sont qualifiés pour le tour suivant. Les quatre finalistes se disputent le podium et donc les médailles.

En skicross, tous les coups sont permis. Le coup d'épaule notamment, pour empêcher un autre concurrent de passer, est autorisé et largement répandu. Il est interdit en revanche d'en venir aux mains. Il en résulte un cocktail souvent explosif avec des chocs assez fréquents et parfois violents. Sans oublier les secousses encaissées lors des enchaînements dans les bosses. D'où le port obligatoire d'un casque et d'une protection dorsale. Certains portent même des genouillères et des coudières.

Même si, outre des qualités techniques, la discipline requiert un petit grain de folie qu'avaient les pionniers issus du freeride, les meilleurs spécialistes du moment viennent désormais du ski alpin traditionnel (lire ci-contre). L'une des bases d'entraînement du skicross étant le slalom géant. Le départ joue un rôle important. Dans leur jargon, les pratiquants disent que, «lorsque le portillon s'ouvre, c'est celui qui s'éjaculera le mieux au départ qui terminera le plus souvent la course en tête». Ce qui n'empêche pas les nombreux rebondissements et cela malgré la rapidité de la course qui n'excède souvent pas 50 secondes.