Culture
Sept films en trois jours à Genève pour se convaincre que le film de sport n’est pas un genre cinématographique mineur

De mémoire de cinéphile, c’est l'«une des premières fois». Vendredi, et pour trois jours, les Cinémas du Grütli à Genève ouvrent au film de sport les portes de leurs salles dédiées à «des oeuvres cinématographiques présentant une valeur culturelle ou artistique reconnue» ainsi qu’à «la diffusion de films inédits». Sept films, à voir ou à revoir, le temps d’un week-end.
«Le choix a été très difficile, assure Alfio Di Guardo, directeur-adjoint des Cinémas du Grütli. Il y a quand même plus d’un chef d’oeuvre. Nous aurions pu ne retenir que des films de boxe, ou initier un cycle mensuel sur plusieurs années.»
L’idée de cette programmation est née des rapports qu’entretient le Grütli avec les Français Gérard et Julien Camy. Un père et son fils, l’un critique de cinéma, l’autre journaliste, tous deux historiens du cinéma et passionnés de sport. En septembre, ils ont publié aux éditions du Bailli de Suffren une somme de 460 pages qui recense, classe et présente plus de 2000 films traitant du sport.
Ils ont ainsi déterré plus de 350 films sur le football, le football américain et le baseball, 500 rien que sur la boxe, une trentaine sur le rugby et même cinq sur la pelote basque. «Le film de sport existe depuis les débuts du cinéma même s’il n’a jamais été vraiment considéré comme un genre à part entière par des historiens du cinéma», constatent les Camy dans leur préface.
Une mythologie fascinante
Il faut feuilleter les pages de ce superbe ouvrage pour prendre conscience d’une vérité méconnue: le film de sport n’est pas un genre mineur. «La représentation de l’effort, de l’exploit, de la souffrance, de la gloire, de l’échec est fascinante, créant une mythologie de l’athlète dont le cinéma s’est emparé goulûment», disent les Camy, qui présenteront chacun des films projetés à Genève.
Entre sport et cinéma, les passerelles sont plus nombreuses qu’on ne le croit. «Les stars du muet étaient des athlètes qui jouaient avec leur corps», rappelait en janvier 2016 le critique Samuel Blumenfeld lors d’un Festival Sport & Cinéma à l’Institut Lumières de Lyon. Johnny Weissmuller fut cinq fois champion olympique de natation avant d’être douze fois Tarzan. Lino Ventura était champion d’Europe de lutte, Elie Chouraqui capitaine de l’équipe de France de volley-ball, Nanni Moretti joueur de ligue nationale de water-polo, Arnold Schwarzenegger cinq Monsieur Univers de body building.
Dans l’autre sens, Steve McQueen et Paul Newman se sont essayés avec détermination à la course automobile, Mickey Rourke est monté sur le ring. «Aucun n’a réussi, aucun n’en est sorti indemne», observe Samuel Blumenfeld.
Sport et Cinéma, du 3 au 5 février
Vendredi 3: 19h30 Rollerball, de Norman Jewison (Etats-Unis, 1975, vost, 129 min.). Samedi 4: 14h15 Terre battue, de Stéphane Demoustier (France, 2014, 95 min.), 16h30 Le Prix d’un homme, de Lindsay Anderson (Grande-Bretagne, 1963, vost, 124 min.), 19h15 Coup de tête, de Jean-Jacques Annaud (France, 1979, 92 min.), 21h15 Le meilleure, de Barry Levinson (Etats-Unis, 1984, vost, 134 min.). Dimanche 5: 14h30 La Bande des quatre, de Peter Yates (Etats-Unis, 1979, vost, 100 min.), 17h Girlfight de Karyn Kusama (Etats-Unis, 2000, vost, 110 min.)
Cinémas Les Grütli, rue du Général-Dufour 16, Genève. Tarif unique: 14 CHF (Ciné pass 10 CHF, étudiants, jeunes et AVS 8 CHF).