Le sport professionnel pousse un «petit» ouf de soulagement
Coronavirus
Les clubs suisses de football et de hockey oscillent entre satisfaction de pouvoir accueillir de nouveau des spectateurs et craintes sur les conséquences financières des mesures de restriction

Face à la levée de l’interdiction des manifestations de plus de 1000 personnes sous conditions, les sentiments sont partagés au sein du sport professionnel suisse. «C’est un petit ouf de soulagement», reconnaît Didier Fischer, président de la Fondation 1890, actionnaire du Servette FC et du Genève-Servette HC. S’il tient «à saluer le signe d’ouverture du Conseil fédéral», il souligne les nombreuses incertitudes qui demeurent, notamment concernant la mise en œuvre par les cantons des décisions prises par la Confédération. Pour Didier Fischer, la situation va surtout dépendre de la structure même des clubs. La diminution de capacité n’aura ainsi pas les mêmes répercussions sur le stade de la Praille (30 000 places) que sur la patinoire des Vernets, 7000 places, où, avec la réduction, «on ne pourra pas accueillir la totalité des abonnés».
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Le hockey davantage pénalisé
«Au niveau global, le football va mieux s’en sortir que le hockey», confirme Edmond Isoz, ancien directeur de la Swiss Football League. «La moyenne des spectateurs en Super League est de 10 500, mais c’est surtout Bâle et Berne qui connaissent de fortes affluences. Pour beaucoup de clubs de football, les restrictions seront pénalisantes, mais gérables, d’autant plus qu’ils économiseront des frais de sécurité, souvent élevés, avec l’absence de fans de l’équipe adverse.»
Du côté du hockey, qui dépend en grande partie du ticketing et de la restauration, les inquiétudes sont grandes, même si le lobbying a permis de faire passer la capacité de 50% (prévue dans le premier projet) à deux tiers. Stéphanie Mérillat, coprésidente du HC Bienne, avoue être entre deux sentiments. «Nous pouvons commencer la saison, ce qui est positif. Mais nous savons déjà que nous la terminerons en déficit, avec de telles baisses de la billetterie et les difficultés du sponsoring liées à la crise.» Mêmes craintes à Fribourg, où la fête d’inauguration de la nouvelle patinoire a été annulée. «Nous ne pourrons accueillir que 5000 spectateurs, alors que notre budget table sur une moyenne de 7500-8000, relève Raphaël Berger, directeur général de Gottéron. Les décisions du Conseil fédéral sont un moindre mal, mais ça fait mal.»
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Une américanisation du sport
Malgré les contraintes, Christian Constantin, président du FC Sion, se montre plutôt satisfait. «Il faudra bien sûr avoir une rigueur financière, notamment sur les salaires des joueurs. Mais je rappelle que nous sortons d’un printemps sans spectateur, où il n’y avait aucune rentrée d’argent.» Le club fonctionnera uniquement avec des abonnements, afin d’assurer le traçage. Christian Constantin pense que les mesures vont aboutir à une mutation profonde du spectacle, avec moins d’ambiance dans le stade. «On va aller vers un sport à l’américaine», conclut le Valaisan, qui pense déjà à organiser un show complet, avec des petits concerts avant le match ou pendant la mi-temps.