Match après match. Comme un entraîneur qui rechigne à trop se projeter dans l’avenir, les instances dirigeantes du football et du hockey sur glace suisses ont décidé de naviguer à vue quant à la suite de leurs championnats professionnels respectifs, menacés par la situation liée au coronavirus. Aucun match ne sera organisé avant le 15 mars, quand prendra fin l’interdiction des manifestations d’au moins 1000 personnes décrétée vendredi par le Conseil fédéral.

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Les dirigeants des deux disciplines ont refusé de baisser les bras et de tout bonnement mettre fin à la saison, une possibilité que certaines voix n’hésitaient plus à évoquer. «Nous sommes très clairs: nous voulons encore jouer au hockey cette année», martèle le directeur de la Ligue nationale Denis Vaucher. «Si les autorités ne prolongent pas l’interdiction au-delà du 15 mars, les championnats reprendront immédiatement et poursuivront leur cours de manière habituelle», écrit la Swiss Football League (SFL) dans un communiqué.

Des charges, pas de recettes

Mais les instances ont aussi refusé de s’engouffrer plus loin dans la voie des matchs à huis clos, empruntée par les hockeyeurs ce week-end pour boucler la saison régulière. «J’ai assisté personnellement à deux rencontres, à Berne et à Lugano, et cela aura été de bons matchs, soupire Denis Vaucher. Mais cela avait quelque chose de grotesque. Les spectateurs poussent les joueurs, et vice versa. Le hockey a besoin de public.» Même constat côté football, avec un accent mis sur l’aspect financier de la problématique. Un match dans un stade vide représente des charges mais pas de recettes. «L’option d’organiser des matchs sans spectateurs a également été discutée. Cependant, les clubs ont décidé de s’opposer à cette éventualité pour des raisons économiques et parce qu’il y a encore suffisamment de dates alternatives disponibles.»

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Pour le hockey sur glace, cela signifie concrètement que les play-off de National League ne débuteront pas comme prévu ce samedi. Au mieux, les huit équipes qualifiées commenceront leurs séries le mardi 17 mars. Pour le football, les 25e et 26e journées du championnat sont d’ores et déjà renvoyées, et les vingt clubs de SFL se sont déjà entendus sur la possibilité d’en repousser une de plus.

Pas de spéculation

Les compétitions ne reprendraient alors qu’après la trêve internationale au cours de laquelle l’équipe de Suisse de football doit disputer un tournoi de préparation en vue de l’Euro au Qatar… s’il a lieu: le petit Etat du Golfe vient d’annuler sa course de motoGP à cause du coronavirus et place notamment en quarantaine toutes les personnes qui atterrissent à Doha en provenance d’Italie ou qui y ont séjourné récemment. Ce qui sera forcément le cas de plusieurs footballeurs des quatre formations attendues.

Match après match, donc. Pas de spéculation sur la suite des événements – les autorités politiques ont la main – ni sur les réponses aux questions qui se poseront si l’interdiction des manifestations publiques réunissant au moins 1000 personnes est prolongée. Les instances reconsidéreraient-elles la possibilité de terminer les championnats à huis clos? Ou tiendraient-elles les classements actuels pour définitifs, offrant notamment un titre de champion de Suisse de hockey aux Zurich Lions? Ou annuleraient-elles la saison 2019-2020, comme si elle n’avait pas existé? Il faudra attendre pour le savoir. «Cela ne ferait aucun sens d’anticiper des scenarii potentiellement polémiques, tranche Denis Vaucher. Nous avons repoussé cette échéance. On veut laisser la situation évoluer en espérant que l’on puisse rejouer normalement.»


La Fédération internationale de ski temporise

Le sort des finales de la Coupe du monde de ski alpin, prévues à Cortina d'Ampezzo du 18 au 22 mars, reste incertain. Dans un communiqué transmis lundi, la Fédération internationale de ski (FIS) indique qu’elle prendra une décision définitive après l’inspection du site au programme ce vendredi.

Il est établi depuis plusieurs jours que les courses se disputeront sans spectateur, mais ce week-end, l’idée selon laquelle cette mesure pourrait ne pas suffire a fait son chemin jusque dans l’esprit de certains responsables. Certaines chaînes de télévision sont notamment réticentes à envoyer leurs équipes dans une des régions les plus touchées par le coronavirus en Italie.

Alors que le directeur des compétitions masculines Markus Waldner a évoqué ce week-end la possibilité d’annuler toutes les épreuves encore au calendrier de la Coupe du monde par mesure de précaution, la FIS a décidé de maintenir le programme à ce stade. Mais elle reste bien sûr dépendante des décisions politiques prises dans les différents pays.