Du neuf en 2019. La nouvelle année sportive marque l’apparition de nouvelles règles, de nouveaux formats, de nouvelles épreuves. Tous les sports visent les mêmes buts: être plus attractif, plus clair, plus simple, plus compréhensible. Certains évoluent, d’autres entament leur révolution, mais tous tentent de se mettre au goût du jour, pour sauver ce qui peut l’être ou au risque d’y perdre son âme. Avant que les principaux concernés, les sportifs, ne livrent leur verdict, tour d’horizon des principaux changements par discipline.

Football: du neuf, de l’ancien et de la vidéo

Dans un calendrier international surchargé, il est assez rare que le football décerne un nouveau trophée. Ce sera le cas le 9 juin à Porto, en conclusion du Final Four de la première édition de la Ligue des nations de l’UEFA. L’équipe de Suisse, qui a battu la Belgique (5-2) en novembre, en sera (demi-finale le 5 juin contre le Portugal).

La semaine suivante (15 juin) débutera la Coupe d’Afrique des nations (CAN), disputée pour la première fois en juin-juillet plutôt qu’en janvier-février, ce qui créait de plus en plus de problèmes avec les clubs européens employeurs de très nombreux joueurs africains. Cette CAN 2019 sera également la première édition à 24 équipes (au lieu de 16). La Confédération africaine de football (CAF) en avait confié l’organisation au Cameroun, avant de l’en décharger fin novembre. Le nouveau pays organisateur, Egypte ou Afrique du Sud, sera désigné le 9 janvier.

En Ligue des champions et en Ligue Europa, le début des phases à élimination directe verra l’introduction de deux modifications destinées à donner plus de latitude aux entraîneurs: la possibilité de faire entrer un quatrième remplaçant en cas de prolongations et l’élargissement à 23 noms (au lieu de 18) sur la feuille de match lors des finales. L’UEFA introduit également l’arbitrage vidéo, dès les huitièmes de finale en Ligue des champions, en demi-finale en Ligue des nations et en finale de la Ligue Europa.

En Suisse, l’assistance vidéo n’interviendra qu’à partir de l’été, au début de la saison 2019-2020 (comme en Premier League anglaise). La fin de la saison actuelle aura vu au préalable le retour du barrage entre le neuvième de Super League et le deuxième de Challenge League, par matchs aller et retour. Le vainqueur sera promu ou restera en Super League, le perdant restera en Challenge League ou y sera relégué.

Tennis: chacun fait ce qui lui plaît

Beaucoup moins «cadenassé» par son organisme faîtier que le football, le tennis est plus sujet aux bouleversements. Ils seront particulièrement nombreux en 2019. Le plus spectaculaire est la refonte de la Coupe Davis, qui sera organisée sur une seule semaine, du 18 au 24 novembre à Madrid, avec 18 équipes. Les rencontres se dérouleront désormais sur deux jours et non plus trois, avec toujours quatre simples et un double mais dorénavant en deux sets gagnants.

Sur le circuit, les tournois du Grand Chelem ont toiletté leur règlement mais chacun à sa manière. Aucun n’est d’accord sur la manière de conclure un cinquième set lorsque l’égalité se prolonge. Il y aura donc un «super tie-break» (premier à 10 points) à 6-6 à l’Open d’Australie, pas de tie-break à Roland-Garros, un tie-break «classique» (à 7 points) mais seulement à 12-12 à Wimbledon, et un tie-break classique à 6-6 à l’US Open.

De son côté, la WTA, qui régit le tennis féminin, a décidé d’autoriser le port de leggings ou de pantalons de compression, sans nécessité de les recouvrir d’une jupe ou d’une robe. Une plus grande compréhension est également accordée aux joueuses revenant de maternité, qui ont le droit de bénéficier d’un classement protégé sur certains tournois durant les trois ans qui suivront la naissance de leur enfant. La règle prévoit deux ans pour les joueuses qui ont adopté, ont eu recours à la gestation pour autrui ou sont devenues tutrices légales d’un enfant.

La moins commentée de ces réformes est pourtant la plus importante. Elle vise à repenser complètement les catégories inférieures, Challengers et Future, qui permettaient à énormément de joueurs de jouer en professionnel (près de 14 000!) et à beaucoup d’avoir un classement (plus de 2000 joueurs classés en 2018) mais à très peu d’en vivre et à de moins en moins de se hisser vers le sommet. Désormais, les tournois Future n’attribuent plus de points ATP mais comptent pour un classement ITF parallèle, qui bénéficie d’un quota de places dans les tournois Challengers (tableau final et qualifications).

Rugby: des mesures contre les blessures

Effrayés par plusieurs cas récents de morts sur les terrains de rugby, et inquiets du devenir d’un jeu qui devient de plus en plus un sport de combat par équipes, les dirigeants du rugby français ont annoncé fin décembre vouloir rapidement mettre en place trois mesures destinées à rendre le rugby «plus fluide et plus sûr». La principale mesure consisterait à abaisser la ligne de plaquage autorisée, en la faisant passer au niveau de la ceinture, et non plus à celui des épaules. Ce changement a déjà fait l’objet de premières expérimentations auprès d’équipes nationales des moins de 20 ans. Le plaquage à deux joueurs serait également interdit, tout comme les plaquages tête contre tête.

La Fédération française de rugby réfléchit également à réformer la catégorie Espoirs (actuellement 18-23 ans), estimant qu’il y a un trop grand écart de maturité et de force entre ces deux âges. La Ligue nationale (LNR) a de son côté annoncé vouloir interdire la saison prochaine les championnats professionnels (Top 14 ou Pro D2) à des joueurs amateurs. La plupart de ces réformes ne peuvent se faire qu’avec l’assentiment de World Rugby, le gouvernement mondial du jeu à XV. Cet organisme, invité aux discussions de la fédération française, a annoncé que les réflexions devraient se poursuivre les 19 et 20 mars 2019 à Paris, six mois avant la Coupe du monde au Japon, lors d’un forum mondial sur la santé des joueurs et l’évolution du règlement. Pour tout le monde, il semble urgent d’agir et de changer quelque chose.

Golf: un règlement dépoussiéré

Comme bien d’autres sports, le golf peine à séduire les jeunes générations, qui trouvent souvent le jeu trop complexe et les règles trop nombreuses. Une modernisation a donc été entamée il y a cinq ans et vient d’aboutir sous la forme d’une vingtaine de modifications, des simplifications pour la plupart. Sur le parcours, un joueur n’a désormais plus que trois minutes (au lieu de cinq) pour retrouver une balle égarée. S’il la déplace accidentellement, il peut désormais la remettre au même endroit (estimé) sans pénalité. Plus de pénalité également si la balle jouée vient heurter le joueur ou son équipement. S’il faut «dropper» une balle injouable, la main doit lâcher la balle à la hauteur du genou et non plus de l’épaule.

Lorsqu’une balle est frappée hors du terrain ou perdue, le joueur reçoit deux coups de pénalité (au lieu d’un) mais ne doit plus retourner à l’endroit où il avait frappé sa balle (ce que peu d’amateurs faisaient réellement). Celle-ci est jouée désormais depuis un point équidistant de l’endroit estimé de la balle perdue. Le but est d’accélérer le jeu. Une autre modification offre la possibilité d’accepter une pénalité de deux coups pour sortir d’un bunker. Il n’y a plus de pénalité si l’on touche ou nettoie le sol (pour y enlever feuilles, pierres, branches, etc.).

Sur le green, putter avec le drapeau laissé dans le trou est désormais toléré, tout comme réparer des dommages sur le green et toucher sa ligne de putt. Toucher sa balle accidentellement (en répétant son geste, le plus souvent) n’est plus pénalisé.

Et ailleurs: coups de frein et coups de pouce

En athlétisme, la nouveauté réside dans le passage à un système de classement mondial semblable à ceux du tennis ou du golf, qui attribue désormais des points à chaque performance, pondérée selon l’importance de la compétition. Les athlètes les mieux classés seront directement qualifiés pour les Mondiaux organisés cette année du 27 septembre au 6 octobre à Doha. Cela devrait permettre d’éviter les «accidents», qui surviennent parfois lorsqu’un champion échoue à se qualifier lors de ses championnats nationaux. En outre, des invitations seront offertes aux champions du monde sortants, aux vainqueurs de la Ligue de diamant ou aux leaders des circuits spécifiques (marteau, marche, épreuves combinées). Toutefois, le système classique des minima reste en vigueur et chaque pays n’a toujours droit qu’à un maximum de trois athlètes par discipline (quatre si elle compte un qualifié sur «invitation»).

En formule 1, chaque année amène son lot de changements et de polémiques. La saison 2019 ne fera pas exception. Les nouvelles règles aérodynamiques annoncées par la Fédération internationale automobile (FIA) redessineront les monoplaces: un aileron avant plus large, des écopes de freins plus sommaires, un aileron arrière plus haut. Le but avoué est de faire perdre aux voitures 1,5 à 2 secondes au tour, d’améliorer l’aspiration et de faciliter les dépassements, denrée trop rare en F1. Les pilotes ne sont guère enthousiastes et, quitte à vouloir plus de spectacle, militent pour de meilleurs pneus. Pirelli, le fournisseur exclusif, a annoncé qu’il n’y aurait plus désormais que trois couleurs (blanc, jaune, rouge, selon la dureté de la gomme) pour faciliter la compréhension du public.

En cyclisme, la grande réforme du circuit professionnel est prévue pour 2020, avec la création de trois divisions (le WorldTour, les ProSeries, les circuits continentaux) et la mise en avant, sur le modèle des Grands Chelems, de l’UCI Classics Series regroupant Milan-SanRemo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Cette année, l’Union cycliste internationale (UCI) se distingue en plaçant, à partir du 1er janvier, le tramadol sur la liste des produits interdits, et en adoptant des règles plus strictes pour les corticoïdes, avec de possibles interdictions de départ. Considéré comme un puissant antidouleur, le tramadol ne figure pourtant pas sur la liste elle aussi mise à jour de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Selon l’UCI, 5% des échantillons de coureurs cyclistes contiennent du tramadol, ce qui représente deux tiers des cas au niveau mondial.