La statistique des losers
Travers de sport (6/8)
CHRONIQUE. Une fois sur huit, Roger Federer, Michael Jordan et Usain Bolt se ratent. Ça me donne probablement le droit d’en faire autant

Chaque mardi de l’été, notre chroniqueur court, saute, nage et pédale. Il partage l’exercice musculaire dans «Le Temps».
Episodes précédents:
C’était il y a quelques semaines. Quand j’ai raconté à un ami que cet été j’allais écrire une deuxième série de chroniques Travers de sport, la première chose qui lui est venue à l’esprit, c’est: «Tu ne vas pas pouvoir leur refaire le coup de «Je n’ai pas d’idée.» J’ai répondu non. Mais j’ai pensé chiche!
Donc nous y voilà. Ce sixième épisode est LA chronique estivale qui ne sert à rien. Celle où je suis à court d’idées et durant laquelle je vais remplir ces lignes avec du vide.
A coup de huit chroniques par été, le décompte s’élève à 12,5%. Un texte sur huit qui n’a rien à dire, c’est une proportion acceptable? Avant de répondre, jugez plutôt. Et voyez ces losers qui, eux aussi, une fois sur huit, ne sont pas à la hauteur de leur réputation.
Un sur huit, donc. C’est le nombre de jeux que perd Federer quand il est au service. Au cours des 1425 matchs qu’il a disputés dans sa carrière, il en a perdu 2041 sur un total de 18 313. Un sur huit, c’est également le nombre de lancers francs que rate Michael Jordan. Cela ne lui a pas empêché de marquer la coquette somme de 29 295 points en 930 matchs, pendant ses treize saisons passées aux Chicago Bulls.
Une question de perception
Un sur huit (en réalité, c’est un sur neuf, mais il me fallait une troisième stat qui m’arrange), c’est aussi le nombre de fois où Usain Bolt ne gagne pas la finale olympique à laquelle il participe. Et encore, la seule médaille d’or qui lui manque lui a été retirée après que l’un de ses coéquipiers du relais jamaïcain du 4x100 m a été contrôlé positif.
Dans le sport comme dans ces lignes, tout est question de perception. Maintenant, si je vous redis que j’écris autant de textes sans substance que Roger Federer perd de jeux de service. Ou que Michael Jordan rate de lancers francs. Ou qu’Usain Bolt perd de sprints. Vous trouvez ça plus tolérable?
Je suis en tout cas convaincu que parmi vous, il y en a au moins un sur huit qui pense que finalement, l’idée d’écrire un texte où l’on n’a pas d’idée, c’est une bonne idée. Le problème, c’est que je ne suis pas sûr qu’il y ait 12,5% de lecteurs qui soient arrivés au bout de cette chronique inutile.