La Suisse confirme deux nouvelles arrestations dans le scandale de la FIFA
Justice
Les autorités suisses ont interpellé, jeudi matin, une douzaine des responsables actuels et passés de l’instance internationale du football à Zurich

Les autorités suisses ont procédé, jeudi, à de nouvelles arrestations, dont certaines ont eu lieu avant l’aube à l’hôtel Baur au Lac, à Zurich, dans le cadre de l’enquête pour corruption présumée au sein de la Fédération internationale de football (FIFA), rapporte The New York Times sur son site internet. La FIFA a confirmé «des actions» de la justice américaine. Selon un haut responsable de l'instance du football, deux vice-présidents de la FIFA, hondurien et paraguayen, ont été arrêtés à Zurich. Il s'agit d'Alfredo Hawit, chef par intérim de la Confédération d'Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (Concacaf) et de Juan Angel Napout, président de la Confédération sud-américaine (Conmebol).
Small fleet of cars lining up at Baur au Lac to take ExCo officials to FIFA house for crisis meeting at 9am. pic.twitter.com/C8N95Eex3h
— Sam Borden (@SamBorden) 3 Décembre 2015
La Fédération a assuré dans un communiqué qu’elle «continuerait à coopérer pleinement» à la fois avec les enquêteurs américains et suisses. L’opération a débuté à 06h00 au sein de l’hôtel zurichois qui avait déjà été le théâtre de la première vague d’arrestations le 27 mai. Le Valaisan Sepp Blatter, président démissionnaire et suspendu de la FIFA, ne figure pas parmi les personnes interpellées à Zurich, a précisé le New York Times.
A la demande de la justice américaine
L'Office fédéral de la justice (OFJ) a confirmé dans un communiqué l’arrestation de «deux autres responsables de la FIFA». Ils ont été placés en détention en vue de leur extradition. Selon la demande d’arrestation émise par les Etats-Unis, ces deux personnes auraient accepté des pots-de-vin de plusieurs millions de francs.
Cette opération a été menée à la demande de la justice américaine. L’ordre d’arrestation de l’Office fédéral de la justice «se fonde sur une demande des autorités américaines du 29 novembre 2015, précise le communiqué. Dans le cadre des enquêtes qu’il mène, le parquet du district est de New York soupçonne les personnes concernées d’avoir accepté des pots-de-vin.» Les actes visés auraient été en partie fomentés aux Etats-Unis et des paiements auraient transité par des banques américaines.
Auditions et extraditions
Sur ordre de l’OFJ, la police cantonale zurichoise entendra les personnes arrêtées aujourd’hui encore. «Celles qui consentiront d’emblée à l’extradition feront l’objet d’une procédure simplifiée par laquelle l’OFJ pourra sans délai approuver la demande d’extradition vers les Etats-Unis et l’exécuter. Pour celles qui s’y opposeront, l’OFJ priera les Etats-Unis de faire parvenir une demande formelle d’extradition à la Suisse dans le délai de 40 jours prévu par le traité d’extradition en vigueur entre les deux pays.»
Le quotidien américain a indiqué que les personnes visées par ses arrestations étaient en grande partie des représentants des fédérations d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale. Selon lui, le président de la Confédération de football d’Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (Concacaf), le Hondurien Alfredo Hawit, figure au nombre des personnes arrêtées. Le Paraguayen Juan Angel Napout, président de la Confédération sud-américaine de football (CSF), est quant à lui au nombre des inculpés, toujours selon le quotidien.
La réunion de la FIFA maintenue
Juan Napout (Paraguay) + Alfredo Hawit (Honduras), presidents of Conmebol + Concacaf, implicated in US #FIFA case: https://t.co/TOG1465I8z
— Rebecca R. Ruiz (@RebeccaRuiz) 3 Décembre 2015
Cette opération intervient sept mois après une première vague d’arrestations pour fraude, corruption et blanchiment d’argent d’une douzaine de dirigeants de la FIFA. Elle a à nouveau lieu alors que la FIFA réunit son comité exécutif pendant deux jours, mercredi et jeudi, à Zurich. La réunion du gouvernement de la FIFA doit reprendre jeudi à 09h00 «comme prévu», selon une porte-parole de la Fédération.
Lors de ce comité exécutif, la FIFA doit se pencher sur les réformes cruciales pour son avenir rendues nécessaires par le scandale qui a éclaté en mai. Les enquêteurs américains ont mis en évidence que des dirigeants du football mondial avaient reçu des pots-de-vin et commissions pour l’attribution de phases finales de Coupe du monde et la cession de droits TV et commerciaux.
Comptes bloqués
Pour rappel, deux des sept responsables de la FIFA arrêtés à Zurich le 27 mai 2015 ont accepté d’être extradés selon une procédure simplifiée. Jeffrey Webb et José Maria Marin ont ainsi été remis aux autorités américaines respectivement le 15 juillet et le 3 novembre. Les cinq autres, Eugenio Figueredo, Eduardo Li, Julio Rocha, Costas Takkas et Rafael Esquivel, se sont opposés à leur extradition vers les Etats-Unis. Le Tribunal pénal fédéral ne s’est pas encore prononcé sur leurs recours.
Sur la base de quatre demandes d’entraide judiciaire américaines, «l’OFJ a fait bloquer différents comptes situés en Suisse sur lesquels les pots-de-vin auraient été versés et fait saisir les documents bancaires afférents, précise l’Office fédéral de la justice. Il a en outre requis, par le biais de cinq décisions finales, que des documents bancaires soient remis aux Etats-Unis. Les détenteurs des comptes concernés ont 30 jours pour faire recours contre ces décisions auprès du Tribunal pénal fédéral.»
Ces décisions finales prendront effet si les détenteurs des comptes renoncent à faire recours ou si le Tribunal pénal fédéral, et éventuellement le Tribunal fédéral, rejette les recours. Ce n’est qu’alors que l’OFJ pourra remettre les moyens de preuve recueillis en Suisse aux Etats-Unis.