Publicité

Aryna Sabalenka a dompté son tennis félin

La Biélorusse a remporté samedi le tableau féminin de l’Open d’Australie pour sa première victoire en Grand Chelem. Elle a mieux géré sa prise de risque et ses émotions que par le passé

Aryna Sabalenka lors de sa finale victorieuse contre Elena Rybakina, le 28 janvier 2023 à Melbourne — © LUKAS COCH / EPA / KEYSTONE
Aryna Sabalenka lors de sa finale victorieuse contre Elena Rybakina, le 28 janvier 2023 à Melbourne — © LUKAS COCH / EPA / KEYSTONE

Aryna Sabalenka est l’une des joueuses de tennis les plus puissantes du circuit. Ses frappes: lourdes. Ses services: dévastateurs. Mais cette agressivité n’a pas toujours été maîtrisée – il a fallu des années à celle qui arbore un tatouage de tête de tigre sur l’avant-bras pour la dompter. Elle y est parvenue ces deux dernières semaines à Melbourne, décrochant à 24 ans son premier titre du Grand Chelem en battant la Kazakhe Elena Rybakina 4-6 6-3 6-4 en finale de l’Open d’Australie.

Née à Minsk, la Biélorusse a commencé le tennis à 6 ans et par hasard. Avec son père Serguei, hockeyeur, elle est passée devant des courts. Il a été décidé qu’elle ferait un essai. Mais elle s’est vraiment intéressée à son sport beaucoup plus tard. «Je me souviens vaguement d’un match entre Kerber et Serena, c’était en finale [de l’Open d’Australie 2016], non? J’avais commandé un chocolat dans un café et il y avait une télévision. Je regardais d’un œil en me disant: «Oui, pas mal joué… Je peux avoir mon chocolat, s’il vous plaît?» Mais en fait, je ne regardais pas vraiment de tennis. J’ai honte maintenant», raconte-t-elle.

Lire aussi: Aryna Sabalenka est désormais bonne pour le service

Travail psychologique

La même année, de son côté, elle fait ses débuts sur le circuit WTA à Rabat et perd en qualifications de l’US Open. En 2017, elle entre dans le top 100 mondial en finissant la saison au 78e rang, après notamment une finale perdue à Tianjin contre Maria Sharapova. Elle se fait aussi remarquer en emmenant la Biélorussie en finale de la Fed Cup. Ses premiers titres arrivent en 2018, à New Haven et Wuhan, en même temps qu’un peu de confiance en elle.

Mais ses trop nombreuses fautes l’entraînent parfois dans des abîmes de doute. Un temps, elle ajoute à son entraînement un travail avec un psychologue, qu’elle a toutefois cessé avant l’Open d’Australie. «J’ai réalisé que j’étais la seule à pouvoir m’aider», raconte-t-elle. A Melbourne, elle a surpris par sa capacité nouvelle à gérer ses émotions, même dans des moments difficiles qui auraient provoqué colère et cris par le passé. La nervosité «est quelque chose de normal», dit-elle avoir compris à l’aube du plus grand succès de sa jeune carrière.

Elle l’a fêté sans pouvoir arborer les couleurs de son pays, «invisibilisé» en raison de son soutien à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine. «Mais tout le monde sait que je suis Biélorusse», lâche Aryna Sabalenka.