L’encombrant record de Margaret Court Smith
Que faire de la championne la plus titrée de l’histoire en Grand Chelem quand elle est devenue infréquentable? A Melbourne, ville «gay friendly» où un stade porte son nom, on tente de faire le service minimum, et de séparer la femme de la sportive
A moins de se croiser dans l’ascenseur, il n’y aura pas de rencontre entre Serena Williams et Margaret Court Smith à Melbourne. L’Américaine ne sera pas en finale de l’Open d’Australie le samedi 1er février: Williams (38 ans) a été éliminée vendredi dès le deuxième tour par la Chinoise Qiang Wang (6-4 6-7 7-5). Elle en reste pour le moment (mais ce provisoire ne va-t-il pas durer?) à 23 titres du Grand Chelem et rate l’occasion d’égaler le record de 24 titres majeurs de Margaret Court Smith.
Rendez-vous manqué également pour la légende australienne (77 ans), qui ne remettra pas, ni à Serena ni à aucune autre, un trophée qu’elle a remporté 11 fois. Cinquante ans après son Grand Chelem, l’un des trois seuls du tennis féminin (après Maureen Connolly en 1953 et avant Steffi Graf en 1988), Margaret Court Smith est «l’invitée d’honneur» du tournoi et sera l’objet de divers hommages, mais pas question de lui offrir une trop grande tribune. Elle pourrait s’y croire comme en chaire dans son église pentecôtiste de Perth et répandre l’un de ses sermons contre le mariage homosexuel et l’avortement, sur le châtiment divin qui attend les transgenres ou à propos des lesbiennes prosélytes qui «pullulent» dans le tennis féminin.