N’est pas Federer ou Nadal qui veut. Des cinq joueurs qui s’étaient mis en retrait au milieu de la saison dernière, deux ont déclaré forfait avant le début de l’Open d’Australie (Andy Murray et Kei Nishikori), un a perdu au premier tour (Milos Raonic) et un au deuxième tour (Stan Wawrinka, contre Tennys Sandgren, étonnant quart-de-finaliste). Il ne restait que Novak Djokovic. Lundi en night session, le Serbe a pris la porte, poussé vers la sortie par un autre rescapé, celui de la NextGen, le Sud-Coréen Hyeon Chung (7-6 7-5 7-6).

L'élimination du recordman du nombre de victoires à Melbourne (six titres) n’est qu’une demi-surprise. Chung, vainqueur du Masters M21 en novembre dernier à Milan et tombeur de Zverev au tour précédent, est un très bon joueur. Premier Coréen en quart de finale d’un tournoi du Grand Chelem, ce jeune homme qui cache son acné derrière de grosses lunettes blanches à la Laurent Voulzy a pour modèle… Novak Djokovic. «Lorsque j’étais enfant, je le copiais parce qu’il était mon idole.» Il en est resté quelque chose, comme cet infatigable jeu de défense, cette élasticité corporelle et cette capacité à faire d’un coup défensif une arme d’attaque.

Quand le corps n’en fait qu’à sa tête

Un Djokovic en pleine possession de ses moyens aurait tout de même trouvé un chemin. Celui de l’Open d’Australie 2018 est une version rafistolée de partout, qui va devoir procéder à un check-up complet. Au premier tour, contre Donald Young, Novak Djokovic avait déjà tenté de masquer ses douleurs au coude. Au deuxième, sous la canicule face à Gaël Monfils, il avait failli faire un malaise. Au troisième, expédié face à Alberto Ramos-Viñolas, il était apparu avec un manchon au coude et s’était fait longuement manipuler le dos. Contre Hyeon Chung, il s’est fait soigner des ampoules au pied, s’est à nouveau plaint du coude droit et a ressenti une violente douleur aux adducteurs sur une glissade.

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Bref, Novak Djokovic n’était pas en état de jouer. Courageux, respectueux du public et conscient de ce qu’il représentait pour son adversaire, le Serbe est allé au bout de son martyre. «La douleur n’était pas assez forte pour stopper le match, mais elle me gênait évidemment au service, ce qui, contre un relanceur du niveau de Chung, était un handicap.»

Le pari du bistouri

Le problème désormais pour Djokovic est de soigner ce coude qui le fait souffrir depuis plus d’un an. Les six mois de pause entre juillet 2017 et janvier 2018 n’ont pas eu l’effet escompté. Stan Wawrinka très vite, et Andy Murray la semaine dernière, se sont résolus à l’opération que lui se refusait à envisager. Peut-être n’a-t-il désormais plus le choix, même si cette chirurgie n’offre pas de garantie pour le très haut niveau.

Sous la conduite de ses deux coaches, Andre Agassi et Radek Stepanek, Novak Djokovic préféra cet hiver modifier sa gestuelle au service, réduisant l’amplitude de son mouvement, au risque de dérégler un geste crucial pour le jeu et la sensation du joueur. Il semble y avoir perdu ses repères, sans pour autant soulager son coude.


Roger Federer, sympa mais pas trop

Tout va bien pour Roger Federer, tranquille vainqueur du Hongrois Marton Fucsovics en huitième de finale (6-4 7-6 6-2). Après quatre tours, il demeure le dernier qualifié à n’avoir pas lâché un set. «Cela ne veut rien dire. Je ne serais pas plus fatigué après des matches en quatre sets. Et un set gagné 7-6 ou un autre gagné 6-0, ce n’est pas la même chose.» Il affrontera mercredi le Tchèque Tomas Berdych, un habitué des quarts de finale.

Lorsqu’il est détendu, le Bâlois se laisse un peu aller en conférence de presse. Interrogé sur le manque de sororité du tennis féminin, il avoua que la franche camaraderie affichée dans le vestiaire masculin lui semblait souvent surjouée. «Je trouve que parfois cela va trop loin. Les joueurs s’embrassent comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis dix ans. Le fair-play est important et je trouve normal que l’on respecte son adversaire mais il ne faut pas devenir trop copains. Pour le public et pour le sport, il est bon aussi que deux adversaires soient un peu portés par une rivalité. Avec Rafa, nous avons prouvé que les deux, respect et rivalité, étaient possibles.»