Le fait que Federer et Murray soient absents et que Nishikori, Wawrinka ou Djokovic reviennent de blessures a redistribué les cartes. Les cadors habituels sont moins bien classés et moins dominateurs. On s’est retrouvé dès le troisième tour avec de superbes affiches, ce qui nous changeait un peu du programme habituel de ces dix dernières années. Quelque part, cette édition anticipe déjà ce que l’on verra à partir de l’an prochain et que je réclamais depuis longtemps: le retour à 16 têtes de série au lieu de 32.
J’ai adoré Zverev
Rafael Nadal se promène mais c’est le seul. Et même contre lui, Maximilian Marterer a joué le coup à fond. Je ne connaissais pas du tout ce jeune Allemand mais il a un tennis très intéressant et un super état d’esprit. Pour sa première sur le central, mené deux sets à zéro, il a continué d’y croire et a poussé Nadal dans un tie-break dans le troisième. Chapeau! Marterer ne fait pas partie des «NextGen» que l’ATP promeut mais il a ce que beaucoup n’ont pas: l’attitude.
Un autre jeune joueur l’a désormais également. Il s’agit d’Alexander Zverev, que j’ai souvent critiqué par le passé mais que j’adore dans ce Roland-Garros. Il passe au mental, sur ce qui faisait sa faiblesse auparavant. Je ne sais pas s’il a travaillé physiquement ou si un déclic s’est opéré dans sa tête; sans doute les deux.
Un carré idéal
Après, une deuxième semaine ne doit pas ressembler à la première. On veut voir les favoris remettre un peu d’ordre. Mais des demi-finales Nadal-Del Potro et Djokovic contre Thiem ou Zverev, ça aurait franchement de l’allure. Ce serait le casting parfait avec le roi de «Roland»; le héros du public, Del Potro, revenu de mille galères; le revenant Djokovic; et l’un des jeunes héritiers, Thiem ou Zverev (je crains que Zverev n’ait pas récupéré de ses trois matches en cinq sets).
Je ne vois pas Novak Djokovic perdre contre Cecchinato mardi en quart de finale. Et un «Djoko» dans le dernier carré est ensuite capable de tout. Je pense qu’il lui manquera la confiance acquise lors de gros matches contre les tout meilleurs pour aller au bout mais il est gentiment en train de sortir de ce black-out qui l’avait saisi après sa victoire ici il y a deux ans. Mats Wilander avait connu ça: vous avez tout gagné et vous ne savez plus quoi faire de votre vie. On se cherche mais en fin de compte, la passion du tennis finit toujours par être la plus forte.