Il portait un costume bleu marine et une cravate noire au lieu de la tenue de tennis blanche réglementaire mais Roger Federer a fait son retour à Wimbledon, au milieu d’une vingtaine d’autres anciens vainqueurs du tournoi invités à célébrer les 100 ans du Centre Court. Le Bâlois, huit fois titrés, fut follement acclamé.

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Le premier «Middle Sunday» non chômé de l’histoire (on y joua parfois lorsqu’il fallait rattraper le programme après des jours de pluie) est d’emblée entré dans l’histoire du tournoi avec cette cérémonie très british mêlant évocation filmée, tour de chant (Cliff Richard chanta notamment Summer Holiday a cappella), humour et défilé d’anciennes gloires. Outre Roger Federer, on releva la participation de Martina Hingis, qui remporta le simple dames en 1997 et qui, une heure plus tôt, déjeunait tranquillement dans le Players' Lounge en compagnie de sa fille et de sa mère, Melanie Molitor.

D’Angela Mortimer, la doyenne (90 ans), titrée en 1961, à Novak Djokovic, six fois couronné et tenant du titre, une vingtaine d’anciens vainqueurs ont ainsi fait leur apparition sur le Centre Court et sous un beau soleil. Certains peinaient à marcher, comme Rod Laver, un autre était à la fois le présentateur et l’invité (John McEnroe), d’autres étaient en survêtement, de retour de l’entraînement, tels Simona Halep et Rafael Nadal, ou préparant le match à venir, comme Novak Djokovic et son coach Goran Ivanisevic.

Pas de bon de sortie pour Boris Becker

Parmi les autres personnalités présentes: Lleyton Hewitt, Marion Bartoli, Pat Cash, Stan Smith, Stefan Edberg, Petra Kvitova, Andy Murray, John Newcombe, Chris Evert, Björn Borg, Venus Williams et Billie Jean King. Personnage désormais controversé du tennis, l’ancienne joueuse australienne Margaret Court Smith, détentrice du record absolu de victoires en Grand Chelem (24, dont 3 à Wimbledon), était bien là, et elle fut applaudie.

Les principaux absents étaient Pete Sampras, Martina Navratilova (présente à Londres mais atteinte du Covid-19), Serena Williams, Steffi Graf et son époux Andre Agassi. Pas de Boris Becker non plus: le triple vainqueur du tournoi purge depuis le mois d’avril une peine de 2 ans et demi de prison au centre pénitentiaire de Huntercombe pour fraude fiscale.

La présentation, qui faisait entrer les champions dans l’ordre croissant de leur nombre de victoires zappa donc les trois légendes à sept titres (Sampras, Graf, Serena Williams) et n’alla pas jusqu’à neuf (Navratilova). Fort de ses huit titres sur le gazon londonien, Roger Federer fut donc le dernier appelé et le plus ovationné.

«C’est particulier d’être ici dans un autre rôle»

«J’ai joué tellement de fois ici, j’y ai connu mes plus grandes joies et aussi mes plus grandes déceptions, déclara Federer au micro. C’est particulier d’être ici dans un autre rôle mais je suis heureux d’être accompagné par tant de légendes de notre sport. J’espère pouvoir revenir un jour, revenir encore une fois.» Invité à sélectionner ses meilleurs moments dans le temple du tennis, le Bâlois cita sa victoire sur Pete Sampras pour son premier match sur le Centre Court en 2001 et sa première victoire en finale, en 2003 contre l’Australien Mark Philippoussis.

Roger Federer a manqué cette année le tournoi pour la première fois depuis 1998, année de sa première participation en junior. Il n’a plus rejoué du tout depuis son quart de finale perdu ici même en 2021 face au Polonais Hubert Hurkacz. Blessé au genou, opéré en août 2021, il prévoit de revenir cet automne, à la Laver Cup à Londres puis aux Swiss Indoors de Bâle. «Ça a été une longue année, mais une belle année. Je suis heureux à la maison, mes enfants sont heureux de me voir», a-t-il déclaré.

Kilian Feldbausch qualifié chez les juniors

Arrivé le matin même en avion depuis Zurich, Roger Federer était accompagné de son père et de son entraîneur Severin Lüthi. Après la cérémonie, il est apparu sur un balcon avec vue plongeante sur le court n° 7, où Nicholas Godsick, le fils de son agent de longue date Tony Godsick et de l’ancienne championne américaine Mary-Jo Fernandez, disputait son premier tour du simple junior garçons, perdu nettement face au Belge Gilles Arnaud Bailly (6-2 6-0). Juste avant sur le même court, le Genevois Kilian Feldbausch s’était lui facilement qualifié aux dépens de l’Américain Leanid Boika (6-1 6-4).