Basketball
A Charlotte, où il a gagné avec Atlanta, Thabo Sefolosha a expliqué au «Temps» pourquoi il avait décidé de poursuivre la police new-yorkaise en justice

Il sort de la douche en souriant après avoir adressé une blague à un coéquipier. Dans le vestiaire de la Time Warner Cable Arena de Charlotte, où Atlanta vient de s’imposer avec 5 points, 4 rebonds et 2 interceptions de son arrière vaudois, le serrage de main est amical et le sourire sincère. En ce 1er novembre pluvieux, Thabo Sefolosha est un joueur rassuré et un homme soulagé. Depuis le 14 octobre, il a retrouvé son terrain de jeu favori, sept mois après une violente arrestation policière à Manhattan qui lui a coûté les play-off, un été gâché par une rééducation compliquée et un procès en plein camp d’entraînement de présaison. Cinq jours avant son retour sur les parquets de la NBA, le 9 octobre, les jurés new-yorkais l’avaient déclaré non coupable des trois charges retenues contre lui alors qu’il risquait un an de prison. Le 21 octobre, le Veveysan a décidé de poursuivre la police de New York. Il réclame 50 millions de dollars d’indemnités. Il dit vouloir maintenant se concentrer sur le basket, mais l’affaire n’est pas encore derrière lui.
Thabo, vous avez enfin raconté votre vérité dans la presse américaine, jusque-là votre communication était malthusienne. Pourquoi se livrer maintenant? Parce que c’est plus facile?
Oui, complètement, c’est plus facile de le faire maintenant. Mais je n’ai pas non plus besoin d’aller dans tous les médias raconter ce qui s’est passé, ce n’est pas la chose que je cherche le plus. Aujourd’hui je veux avoir la tête au basket et ne me concentrer que sur cela. Pendant l’été, je n’ai pas trop pensé à tous les aspects juridiques de l’affaire, j’étais juste bloqué à la maison en essayant de revenir de blessure. Ce n’est pas forcément amusant, donc, maintenant que je rejoue, je ne veux plus parler tous les deux jours de cette histoire avec la presse. Je veux me concentrer sur le basket.
Pourquoi avoir attendu douze jours après votre acquittement pour poursuivre la police new-yorkaise?
J’avais envie de comprendre dans quoi je me lançais, donc il fallait prendre des conseils juridiques en amont. Il fallait aussi que je comprenne la procédure et ses lourdeurs, car en pleine saison, je ne veux pas devoir aller trop souvent à New York. J’ai envie de revenir à ce que j’aime faire, jouer au basket, et ne pas avoir cette histoire qui traîne toujours derrière.
En demandant 50 millions de dollars, vous voulez envoyer un message et faire jurisprudence?
Une jurisprudence, je ne sais pas, mais c’est clair que c’est une bonne chose de le faire car j’ai la chance d’avoir une plateforme pour en parler. Il y a beaucoup d’autres gens qui ont subi la même chose mais qui n’ont pas ces moyens-là. Moi, j’ai un avocat qui s’est battu pour moi, j’ai eu la NBA et le syndicat des joueurs derrière moi depuis le début, c’est un avantage. J’ai envie de l’utiliser pour pouvoir aider une partie de la population qui, apparemment, aujourd’hui en a un peu marre de certaines tactiques et comportements policiers.
Gardez-vous encore beaucoup de rancœur ou est-elle passée?
Bien sûr que j’ai encore de la rancœur. En même temps il faut avancer et ne pas regarder en arrière, cela ne sert à rien. Mais bon, personne ne va me rendre les play-off que j’ai ratés, un été que j’ai passé à galérer pour pouvoir revenir, et personne ne va pas pouvoir me rendre non plus ce début de saison où j’ai du mal physiquement et où, pour l’instant, je ne peux pas jouer deux matches de suite en deux jours. Il y a beaucoup de choses que j’ai encore en tête, ce n’est pas une histoire qui est complètement derrière moi.
Le sentiment d’injustice prédomine toujours?
Bien sûr, car en plus cette injustice a continué pendant le procès quand le procureur général a commencé à raconter des histoires au lieu de rester du côté de la vérité et de la justice, pour envoyer un innocent en prison. Ce n’est pas normal.
Sinon, pour parler un peu basket, si vous ne pouvez pas jouer deux matches de suite c’est que vous n’êtes pas encore à 100%?
Non, clairement. J’ai mal et pour l’instant on ne sait pas si la meilleure solution c’est de pousser malgré la douleur ou de prendre du repos et de laisser le corps se remettre. Pour l’instant, c’est mieux de faire une pause quand il y a deux matches à la suite. J’espère que dans deux mois, je n’en serai plus là. propos recueillis par Benjamin Adler, Charlotte