Certes mais le pilote du team Elit doit secrètement regretter la saison dernière et son duel interminable avec le Finlandais Mika Kallio. Sur ce même circuit d'Istanbul, Tomas Lüthi n'avait pas gagné, mais il avait décroché la pole position et signé le meilleur tour officiel. Tout marchait comme sur des roulettes en quelque sorte. Aujourd'hui, tout semble à refaire, ce qui paraît logique dans une catégorie où l'évolution des machines reste déterminante. Faut-il pour autant remettre en cause le pilote? Lüthi était légèrement diminué, certes, mais il n'a rien perdu de son talent de pilotage. Sa façon de travailler n'a, a priori, pas changé. Le dévouement de son team non plus. Reste sa machine, largement dominée par la concurrence.
Pour ne rien arranger, la pluie qui s'est invitée lors du deuxième jour des essais n'a pas permis d'améliorer les premiers temps obtenus la veille. Thomas est donc parti de la troisième ligne à une seconde et six centièmes du meilleur temps de l'Espagnol Alvaro Bautista. Ensuite, il a bien tenté de s'accrocher dans le groupe de tête, pointant à une prometteuse sixième place en début de course. Lüthi comptait en fait beaucoup sur la finesse de son pilotage pour rester au contact des autres à l'aspiration. Mais tour après tour, la Honda No 1 a cédé du terrain. Aprilia réalise le triplé. Lüthi, lui, est trahi par la puissance de sa machine. Il franchit la ligne en 12e position à plus de 23 secondes d'Hector Faubel. Un résultat bien décevant, même si le pilote helvétique marque des points pour la deuxième fois de la saison et compte maintenant 12 points au championnat du monde.
Mais la différence technique de sa moto semble avoir une explication assez cohérente. Honda est nettement en retrait en ce début de saison, et pas seulement en 125. Contrairement à ses concurrents directs Aprilia ou KTM, le constructeur japonais n'a pas révolutionné sa machine 125 à l'intersaison. Ce n'est d'ailleurs pas son fort, lui qui préfère se consacrer à l'enjeu bien plus prestigieux de la MotoGP. «Chez Honda, on avance pas à pas» reconnaît-on à l'atelier. Et dans le plus grand secret bien sûr. Samedi, il se disait que de nouvelles pièces étaient arrivées pour le champion du monde en titre. Un nouveau cylindre ou peut-être autre chose. Thomas Lüthi est d'ailleurs resté muet comme une carpe. «Même moi je ne sais pas exactement de quoi il s'agit» déclarait le pilote. «Un nouveau cylindre? Oui, c'est possible! Mais il y a peut-être aussi autre chose». Difficile d'en savoir plus devant un stand fermé à double tour.
Après la course, Thomas évoquait un mauvais choix de pneu arrière et un manque de grip. «Ma blessure m'a pénalisé, a-t-il avoué. Je suis en manque d'essais et on a pris du retard». Reste maintenant à travailler d'arrache-pied pour que sa machine soit fin prête pour le Grand Prix de Chine le 15 mai prochain. A moins que ce ne soit tout simplement le mental du pilote qui soit touché... Comme une impression de déjà-vu.