Une fois par semaine cet été, «Le Temps» se pare de couleurs historiques en allant faire ses emplettes sur le site LeTempsArchives.ch, qui regroupe les collections numérisées du «Journal de Genève», de la «Gazette de Lausanne» et du «Nouveau Quotidien». Pour faire résonner un fait d'actualité contemporain avec un autre, puisé dans le passé.

Episode précédent:

La baraka des Azzurri, en 68

Le stade olympique de Tokyo risque de sonner bien creux ce 23 juillet. En tout cas bien plus creux que le 10 octobre 1964, lorsque l’empereur Hirohito, «une fleur jaune au revers de son costume sombre», déclara ouverts les Jeux de la XVIIIe olympiade, à… Tokyo. Alors que 57 ans après, la capitale japonaise va vivre des compétitions à huis clos, sans spectateurs et très impopulaires en temps de covid, 80 000 personnes se trouvaient au stade nippon.

Elles ont suivi, à ce moment-là, une «grandiose cérémonie, émouvante, colorée et juvénile [qui avait] suscité un enthousiasme extraordinaire» si l’on en croit les dépêches d’agences de presse reprises par la Gazette de Lausanne du 12 octobre. Il n’avait «pas fallu moins de 8000 agents pour canaliser la circulation autour du stade. Cela donne une idée de l’ampleur [qu’ont pris] ces Jeux au Japon.»

La fierté d’une nation

Deux décennies après la fin de la guerre, les dirigeants japonais voulurent montrer que leur pays s’était relevé et, afin d’étaler leur puissance économique, ils décidèrent d’y investir d’énormes capitaux. Avec cette fière affirmation de toute une nation, ces JO furent d’ailleurs un succès populaire, avec deux millions de billets vendus. Mais aujourd’hui, déjà reportés d’un an, organisés en pleine propagation des variants, ils posent à leurs organisateurs un double défi: garantir la sécurité sanitaire, dans un Japon peu vacciné et inquiet du risque de contaminations, tout en préservant l’équité sportive.

En 64, alors que l’Expo se terminait tout juste à Lausanne, c’était la première fois que le continent asiatique accueillait une olympiade. Le président du CIO, le très contesté Avery Brundage, s’était alors glorifié du fait que le mouvement olympique franchît «les océans»: «Cette première célébration des Jeux en Orient prouve qu’ils appartiennent au monde entier.» Avec une lourde dimension symbolique: l’athlète japonais Yoshinori Sakai, dernier porteur de la flamme olympique qu’il fit entrer dans le stade, était né le 6 août 1945 à Miyoshi (préfecture d’Hiroshima), donc le jour du bombardement atomique.