Sûr de lui, Tom Steels semble bien parti pour venir chatouiller le record du nombre de victoires sur le Tour détenu par l'Italien Mario Cipollini. En effet, le Flamand a conquis dans la capitale historique des ducs de Bretagne son neuvième succès dans l'épreuve française. Et, promet-il, «il se peut que ce ne soit pas fini, car il reste de nombreuses possibilités pour les sprinters». D'autant que l'Italien le plus télégénique du peloton, blessé, en est réduit à suivre les exploits de son adversaire sur son écran de télévision. Un avantage? «Pas vraiment, car lorsque Mario Cipollini est présent, son équipe contrôle le final», continue Tom Steels. Dorénavant, ce sont d'autres formations qui doivent prendre la responsabilité du contrôle de la course pour tordre le cou à toutes les échappées.
Dimanche, à l'arrivée de Loudun, personne n'avait accepté ce fardeau, laissant à la formation Cofidis de David Millar, le maillot jaune, l'entier du travail. Hier, par contre, les Mapei, Deutsche Telekom ou autre Française des Jeux ont accéléré l'allure à l'approche de Nantes. Mais c'est la garde rapprochée de Steels qui a fait la plus grosse impression. Notamment lorsque Fred Rodriguez, le champion des Etats-Unis, s'est plié en quatre pour son leader. Il faut dire que l'Américain a toutes les raisons de se démener Tom Steels, qui semble l'avoir pris sous son aile, lui a pour ainsi dire offert une place au soleil lors de la deuxième étape du Tour de Suisse, à Rheinfelden.
Les miettes pour les autres
Même si le Tour de France ne fait que débuter, cette domination n'est pas du goût de ses adversaires. Le plus vexé de la clique des funambules du dernier kilomètre doit assurément être Erik Zabel. Le coéquipier de Jan Ullrich avait déjà dû avaler l'affront de terminer maillot vert en 1998 et 1999 sans avoir pu lever les bras. Une digestion bien difficile pour l'Allemand. Pour pallier ce manque, et compléter sa collection de bouquets qui en avait déjà fait le roi des sprinters en 96, 97, Deutsche Telekom, son employeur, a mis la main à la poche à l'intersaison pour débaucher l'une des meilleures locomotives actuellement sur le marché, l'Italien Gian Matteo Fagnini. Bien éduqué par les dizaines d'approches qu'il a menées pour son ancien leader, Mario Cipollini, Fagnini n'a rien perdu de sa capacité à accélérer l'allure. Hélas pour lui, Erik Zabel, toujours stérile, ne parvient pas à en profiter.
Tom Steels ne se fait cependant pas de soucis pour celui qu'il paraît considérer comme son plus grand adversaire. «Erik Zabel est plus fort que l'année dernière. Ce serait une grande surprise s'il ne s'imposait pas durant les trois prochaines semaines», dira-t-il, poli, à l'arrivée. Se souvient-il seulement que, l'an dernier, il avait dit exactement la même chose?
La domination de cet ancien spécialiste du kilomètre sur piste est d'autant plus insolente qu'il a bien failli ne pas prendre le départ du Tour de France 2000. La raison: une fièvre de cheval à près de 41 degrés: «Je n'avais jamais été malade à ce point. Pendant deux jours, je me suis posé beaucoup de questions.» Finalement, il s'est aligné au départ du Futuroscope, livrant après le contre-la-montre une copie particulièrement mauvaise (151e à 2'26'' de David Millar). Mais il faut croire qu'une bonne nuit de sommeil a remis la machine en marche.
Nouvelle équipe
Passé professionnel en 1994, le Belge porte les couleurs de la plus grande équipe du monde (39 coureurs sous contrat) depuis 1996. Ce bail de quatre ans, Tom Steels l'a mis à profit pour canaliser son énergie. Il continuera à le faire l'an prochain. Car le Flamand ne fera pas partie des coureurs que Patrick Lefévère, le manager de Mapei qui quittera ses fonctions au terme de cette saison, emmènera dans ses bagages pour former sa nouvelle équipe Domo. Une fidélité de bon augure pour la formation italienne qui s'assure presque une couronne de lauriers pour la Grande Boucle 2001.