Pris à froid par l'Américain, le Bâlois n'est jamais vraiment entré dans son huitième de finale de l'US Open. Il tire tout de même un bilan positif de son parcours new-yorkais.
Thomas Urbain, New York
Peut-être Roger Federer aurait-il dû avancer l'heure de son réveil de quelques minutes, voire de quelques heures, ce lundi, à New York. Car lorsqu'il se présenta sur le Arthur Ashe Stadium, une demi-heure lui fut nécessaire pour tenir sa raquette à l'endroit. Andre Agassi, figure du circuit et deuxième joueur mondial, ne demandait pas tant de sollicitude. En quatorze minutes, il passait cinq jeux d'affilée au nouveau chef de file du tennis helvétique. Littéralement agressé par un Agassi très remonté, Federer avait le plus grand mal à trouver un semblant de rythme, affichant un flagrant manque de conviction sur ses services (seulement 47% de premières balles converties sur le match), ses déplacements, et ses conclusions d'échanges. On le vit bien soulever la paupière à 5-0, mais Agassi restait extrêmement sérieux sur ses engagements et ne laissait pas le loisir à son adversaire de contredire sa fulgurante mélopée.
Ce léger sursaut se confirmait néanmoins dans la seconde manche, le double quart de finaliste à Roland Garros et Wimbledon retrouvant, par instants, la variété de coups et les angles qui lui avaient notamment permis de triompher de Pete Sampras dans ce dernier tournoi. Mais ces quelques éclairs de lucidité semblaient le plus souvent compensés par autant d'erreurs, d'approximations, Federer laissant à Agassi la direction du jeu. Le double vainqueur de l'épreuve (en 94 et 99) profitait logiquement de ces accès de flottement pour prendre à nouveau le service du Suisse, doublant la mise un jeu plus tard (4-1).
Agassi venait de convertir sa quatrième balle de break en autant d'occasions, tandis que Federer devait galvauder neuf de ces opportunités sur l'ensemble de la partie. Durant le sixième jeu de cette seconde manche, le treizième joueur mondial allait ainsi laisser filer quatre balles de break, trois d'entre elles sur des fautes directes. Le deuxième set perdu, l'affaire devenait franchement désespérée. «Il m'a mis énormément de pression», confiait Roger Federer après le match. «Mon service était trop juste. Si j'avais servi un peu mieux, cela aurait pu être un bon match. J'avais un peu mal au bras après mon match contre Schalken, ce qui n'a pas aidé. Sur les deux premières manches, je n'avais aucune chance. J'ai senti que je rentrais dans le match après cela, mais il était un peu tard.»
De fait, malgré un net regain de forme dans le troisième set, avec notamment un revers de nouveau opérationnel et une présence retrouvée au filet, Federer allait céder face à la régularité d'Agassi. «Il a eu quelques occasions de croquer dans ce match», expliquait Agassi pour justifier son application de tous les instants. «Il m'a pris des points sur mon service. Je ne pouvais pas me relâcher.» Malgré ce jour sans, le Suisse relevait cependant plusieurs points satisfaisants dans son parcours new-yorkais. «Je suis néanmoins satisfait de mes prestations et de mon jeu dans la mesure où je reviens de blessure (il n'avait plus joué depuis le tournoi de Gstaad, début juillet). J'espère concrétiser cela sur les tournois indoor.»