Avant le début des Jeux olympiques de la jeunesse, Corinne Staub assurait qu’à l’heure du bilan, les médailles compteraient moins que l’expérience engrangée par les jeunes athlètes. Au matin du dernier jour de compétition, la cheffe de la délégation suisse n’avait pas changé de discours. Mais elle n’a pas non plus cherché à cacher que les exploits à répétition de ses protégés lui avaient procuré beaucoup d’émotions.

Les 112 athlètes suisses (56 filles, autant de garçons) ont décroché 24 médailles (10 d’or, 6 d’argent, 8 de bronze). C’est deux fois plus qu’à Lillehammer en 2016 (où ils n’étaient toutefois que 48) et il s’en est fallu de peu (la victoire de la Russie lors du tournoi masculin de hockey sur glace) pour que cela permette à la Suisse de terminer en tête du très officieux tableau des médailles. «Nous ne nous attendions pas à autant de bons résultats, souligne Corinne Staub. Chaque jour ou presque amenait ses nouveaux exploits, c’était incroyable.»

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Preuve que le système suisse fonctionne

Mais elle le répète: les performances individuelles ne sont pas le plus significatif à ses yeux. Pas question de spéculer sur l’identité des athlètes voués à devenir des stars à court, moyen ou long terme. Mais le résultat d’ensemble n’est pas vide de sens pour autant. «Il montre que nous avons fait du bon travail sur le plan de la préparation de l’événement, estime la responsable. Nous avons accompagné les jeunes sur la durée pour leur apprendre à gérer la pression, le public et les particularités d’un tel événement, et cela a porté ses fruits.»

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Corinne Staub voit aussi dans le succès de sa délégation la preuve que le système suisse fonctionne. «D’une discipline sportive à l’autre, les structures varient énormément. Mais de manière générale, elles sont performantes au niveau de la relève, avec notamment beaucoup d’entraîneurs très bien formés.»

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Train quotidien

Les athlètes suisses ont découvert, lors de ces Jeux olympiques de la jeunesse, la mécanique bien particulière d’un grand événement, avec quelques particularités propres à Lausanne 2020, comme le fait de prioriser l’utilisation des transports publics pour les déplacements. 80% des participants auraient suivi cette recommandation des organisateurs. Quid de la délégation suisse? «Presque tout le monde a respecté cette demande, note Corinne Staub. Il n’y a eu que quelques exceptions lors de compétitions très matinales et très éloignées du village olympique.»

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Les Suisses ont tenté de profiter au maximum de ce fonctionnement peu commun dans le monde des sports d’hiver de haut niveau. «Il y a une année et demie, Swiss Olympic a produit un document pour aider les coachs à se préparer à ces transports, afin qu’ils utilisent au mieux le temps disponible. Certains en ont tiré parti pour faire les analyses post-compétitions ou pour entamer la récupération, mais aussi tout simplement pour communiquer au sein de l’équipe. De manière générale, cela a très bien fonctionné et je crois que les athlètes étaient contents.»

Quant à savoir si le modèle pourrait être appliqué avec des athlètes professionnels… «J’espère que ce sera possible à terme», lance Corinne Staub, convaincue que les moments passés dans le train ne relevaient pas du temps perdu, mais qu’ils ont au contraire participé à créer une bonne ambiance au sein de la délégation suisse.