Cette manne, virée par les soins d'une banque de la place, a été cautionnée par un mystérieux donateur. Mystérieux? Oui, impossible d'obtenir officiellement l'identité de ce généreux personnage. Mais, pour les Tessinois, l'affaire est entendue, la question fait sourire et semble presque ridicule. Sans que les langues se délient néanmoins.
Pas question de nettoyer le linge sale sur la place publique, mieux vaut se tourner vers l'avenir, semblent penser ces supporters. Pas de regrets non plus: Beat Kaufmann et Fabio Gaggini (respectivement présidents de la société anonyme qui chapeaute le HCL et du club) en ont profité pour faire leurs adieux, mais sans prononcer la moindre parole de regret pour les malversations - partiellement admises - que leur reproche le Ministère public tessinois. A savoir d'avoir fraudé le fisc et les assurances sociales à plusieurs reprises, pour un montant de près de 4,5 millions de francs. Personne dans la salle ne s'est aventuré à poser une question ou à leur adresser un semblant de reproche. Que des applaudissements!
Une véritable standing ovation attendait aussi Paolo Rossi, nommé officiellement mercredi à la succession de Beat Kaufmann. Le patron de l'AET, Azienda Elettrica Ticinese (Compagnie d'électricité tessinoise), en avait pourtant déconcerté plus d'un pour avoir répété à plusieurs reprises ce printemps, devant les caméras de télévision, que les 4,5 millions que le HCL avait soigneusement tenus hors du regard du fisc, en instaurant un système de dessous-de-table destiné à garnir les enveloppes salariales des stars étrangères comme Petteri Nummelin et autre Ville Peltonen, «n'étaient finalement que de simples mesures d'économies pour ménager les finances du HCL».
Mercredi soir, les 156 personnes présentes au Palacongressi, sur les rives élégantes du lac Ceresio, étaient fermement décidées à ne pas remettre ces fâcheuses histoires de fraude fiscale sur le tapis. D'autant que l'instruction conduite par la procureure Maria Galliani n'est toujours pas bouclée.
La solidarité d'abord
D'ailleurs, le «Presidentissimo» Geo Mantegazza, mécène à vie des Bianconeri, cet homme discret pour qui les tifosi ont un profond respect, l'a dit en prenant inabituellement le micro devant l'assemblée: «En ces temps difficiles, la seule chose qui compte pour le club, c'est la solidarité.» Sous-entendu, ne pas parler d'argent. Même si les tribunes de la Resega et la curva nord, d'ordinaire prises d'assaut par les fans les plus fervents du pays, sont aujourd'hui désertées.