
Un siècle de grands événements sportifs en Suisse, avant l'Euro féminin 2025
L’UEFA a choisi ce mardi la Suisse, outsider parmi quatre candidatures, pour l’organisation de l’Euro féminin en 2025, de plus en plus populaire. Retour sur les principales compétitions sportives qu’elle a accueillies par le passé
-
L'Euro féminin 2025 en Suisse
La Suisse accueillera la prochaine édition du Championnat d’Europe féminin de football. Le comité exécutif de l’UEFA en a décidé ce mardi, lors d’une réunion à Lisbonne. Quatre candidatures étaient en concurrence. Celles de la France et de la Pologne semblaient moins fortes, pour des raisons d’instabilité institutionnelle d’un côté et de proximité avec l’Ukraine en guerre de l’autre. La grande favorite était portée par la Suède, la Norvège, le Danemark et la Finlande. La Suisse faisait figure d’outsider, avec l’avantage d’un tournoi compact et l’inconvénient de stades modestes par la taille, qui paraissaient devoir limiter ses ambitions à l’avenir. Par le passé, elle a pourtant accueilli un certain nombre d’événements d’envergure.
-
Des Jeux olympiques d’hiver par 25 degrés
Nous sommes au tout début de l’histoire olympique moderne, qui tâtonne. Ce que l’histoire a retenu comme les premiers Jeux olympiques d’hiver se déroule en 1924 sous la dénomination «Semaine internationale des sports d’hiver» de Chamonix. Il est encore prévu, à ce moment, que l’hôte des JO d’été organise la même année un pendant hivernal de l’événement. Mais en 1928, c’est Amsterdam qui accueille les joutes estivales et les Pays-Bas ne sont pas exactement réputés pour leur accès à la neige. C’est donc la station grisonne de Saint-Moritz qui amorce sa tradition de l’événementiel sportif, par des températures qui atteignent certains jours les 25 degrés, posant un certain nombre de problèmes à la tenue des compétitions. A cette époque, les Jeux olympiques d’hiver n’ont rien de la gigantesque machine qu’ils sont devenus aujourd’hui: ils ne mettent aux prises que 464 athlètes de 25 nations.
-
Déjà les derniers JO en Suisse
La skieuse suisse Antoinette Meyer, médaille d'argent au slalom des JO de Saint-Moritz en 1948. — KEYSTONE En septembre 1946, lorsque le CIO doit attribuer les Jeux olympiques d’hiver 1948, les premiers depuis l’édition 1936 et donc la Seconde Guerre mondiale, il a le choix entre Lake Placid aux Etats-Unis et un retour à Saint-Moritz. La Suisse présente l’avantage évident, en cette période historique, de ne pas avoir fait partie des belligérants. L’expérience des organisateurs et l’existence d’infrastructures facilitent en outre une organisation en à peine dix-huit mois. Nous sommes encore loin des standards actuels puisque ce ne sont que 669 athlètes qui font le déplacement, contre plus de 2800 à Pékin en 2022. Par ailleurs, dans un contexte économique extrêmement difficile, les spectateurs sont très peu nombreux dans les Grisons.
-
Le «Miracle de Berne» à la Coupe du monde de football
Le Miracle de Berne: victoire de l'Allemagne contre la Hongrie en finale de la Coupe du Monde 1954 au Wankdorf. — KEYSTONE Le spectre de la guerre plane encore sur l’organisation de la Coupe du monde de football, dont la Suisse obtient initialement l’organisation pour 1951, deux ans après un tournoi prévu en 1949 au Brésil. Finalement, ce dernier se déroule en 1950 et le suivant en 1954, fixant le rythme quadriennal que l’événement respecte depuis. L’histoire se souvient de cette Coupe du monde pour le «Miracle de Berne», la victoire de l’Allemagne de l’Ouest sur la grande Hongrie en finale. En comparaison avec ce qui se prépare pour 2026 (trois pays, 48 équipes), le tournoi paraît minuscule avec ses 16 formations en lice. Mais il restera sans doute à jamais le plus grand événement sportif organisé en Suisse. Il réunit un total de 890 000 spectateurs dans des stades affichant des capacités qu’on peine à se représenter aujourd’hui: 65 000 places au Wankdorf de Berne, et 50 000 à la Pontaise lausannoise et au Parc Saint-Jacques bâlois construits pour l'occasion, ce dernier au prix de… 3 millions de francs. Sa prochaine rénovation, qui doit survenir d’ici à 2028 et faire passer sa capacité de 38 000 à 33 000 places, en coûtera plus de 50. Une autre époque, à tout point de vue.
En 2015: Avec la mort de Jeno Buzanszky, le Onze d'or hongrois n'est plus qu'un…
En 2021: Mon dernier hot-dog à la Pontaise: impressions d'un stade
-
Un Championnat d’Europe des nations à deux
Suisse-Portugal en phase de groupes de l'Euro 2008, le 15 juin au Parc Saint-Jacques. — Creator: Srdjan Suki / KEYSTONE La concurrence est rude, en 2002, en vue de l’organisation du Championnat d’Europe des nations de football en 2008. Le projet de la Suisse et de l’Autriche est préféré à pas moins de six autres candidatures, dont une d’ailleurs portée par les mêmes pays nordiques qui espèrent organiser l’Euro féminin 2025 (Suède, Norvège, Finlande, Danemark). Seuls 16 matchs se disputent dans notre pays, mais le tournoi est entré dans une nouvelle ère, celle des retransmissions télévisées et des fan-zones, et il marque les esprits. Selon un rapport publié dans la foulée, l’image de fiabilité de la Suisse a été renforcée par la bonne organisation de l’événement, dont les retombées financières à court et moyen terme restent difficiles à chiffrer.
-
Coup de jeune sur l’olympisme
La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de la jeunesse de Lausanne, le 9 janvier 2020 à la Vaudoise Aréna. — Jean-Christophe Bott / KEYSTONE Juste avant la pandémie et ses confinements, la Suisse a vécu un dernier grand événement sportif avec les Jeux olympiques de la jeunesse de Lausanne 2020. Pas les «vrais» JO d’hiver, non, mais une manifestation beaucoup plus importante que les deux olympiades de Saint-Moritz: 73 nations en lice, 1880 athlètes en compétition, et un succès populaire presque inattendu avec près de 640 000 visiteurs. Ces JOJ marquent surtout par leur bon sens: utilisation d’infrastructures existantes, déplacements en transports publics, fête à taille humaine… Comme une feuille de route pour sortir du gigantisme qui a fait si mal à l’image des grands événements sportifs. Il y a aussi de cette ambition «raisonnable» dans le projet de la Suisse pour l’organisation de l’Euro 2025. Mais est-ce ce dont l’UEFA a envie après une édition 2022 dont la finale s’est disputée devant près de 90 000 personnes à Wembley?
Textes: Lionel Pittet. Image de couverture: le podium du slalom des JO de Saint-Moritz, le 5 février 1948. De g. à d.: la Suissesse Antoinette Meyer, médaille d'argent, l'Américaine Gretchen Fraser, or, et l'Autrichienne Erika Mahringer, bronze.