A commencer par le sujet tabou des commotions et des blessures à la tête, causées par les multiples coups directs ou indirects liés à l’aspect ultra-physique du jeu. A ce niveau de l’élite, les joueurs ont forcément subi des centaines de chocs au cours de leur carrière, qui causeront éventuellement des lésions permanentes au cerveau comme le démontrent les nombreuses études médicales impliquant des joueurs à la retraite ou même les autopsies sur les cerveaux des joueurs décédés. Le problème est profond et ce dossier ultrasensible suivra la NFL pendant des années encore, jusqu’au jour où les règles du jeu s’adapteront afin de mieux protéger les joueurs.
Trump et «tous ces fils de p…»
D’autres polémiques resteront symboliques de cette saison 2017-2018 si particulière. En septembre, lors d’un rassemblement politique en Alabama, Donald Trump avait provoqué une énorme controverse avec des propos indignes visant des joueurs. Le président américain relançait à sa manière un débat qui avait débuté en 2016 avec l’affaire Kaepernick, ce quarterback des San Francisco 49ers qui avait décidé de protester contre la discrimination et l’oppression raciale en restant assis, puis agenouillé, durant l’hymne national avant les matches de son équipe.
Colin Kaepernick était devenu le porte-drapeau de cette cause, non sans avoir bien pris le temps d’expliquer ses intentions et son geste afin de ne pas insulter les forces armées américaines et d’éviter toute critique envers le patriotisme national. A l’époque, malgré quelques réactions, les fans et les médias couvrant la NFL avaient graduellement oublié le sujet.
Kaepernick soutenu mais sans club
En Alabama, Donald Trump jeta de l’huile sur le feu en qualifiant les joueurs de «fils de p…» et en demandant aux propriétaires d’équipes de virer ceux qui soutenaient Kaepernick et protestaient durant l’hymne. Des propos qui débouchèrent sur une explosion médiatique négative de plus de deux mois d’un bout à l’autre du pays avec des répercussions à travers le monde. Une publicité dont se seraient bien passés la NFL mais aussi Colin Kaepernick, devenu persona non grata pour les 32 équipes de la ligue et toujours sans contrat pour la saison à venir. Une situation incompréhensible pour ce joueur qui n’a que 30 ans (Tom Brady en a 40) et qui est nettement supérieur à plus de la moitié des quarterbacks de la ligue. Il a récemment intenté un protêt légal contre la NFL et ses 32 clubs.
Conséquence logique, la fréquentation dans les stades a baissé et les audiences télé ont chuté de près de 9% par rapport à la saison précédente. Le public a sans doute été lassé de tout ce négativisme autour de son sport et de la dispute avec Trump. Il ne faut pas négliger cependant le fait que, malgré la virulence de ses propos, certains fans se soient rangés à l’avis du président et aient purement et simplement boycotté la ligue.
La passion plus forte que le scandale
Les joueurs n’ont pas été exemplaires non plus. Une quinzaine d’entre eux ont été signalés pour de mauvais comportements hors des terrains et se sont retrouvés en état d’arrestation pour divers méfaits. Pas de quoi rehausser le prestige de la NFL.
Le pouvoir cathartique du Super Bowl reste cependant sans doute intact et il est probable que, dimanche, l’Amérique oubliera vite cette saison tumultueuse afin de célébrer avec une passion hors du commun le championnat national du football professionnel. La NFL est gigantesque et immensément populaire. Ce n’est pas une saison remplie d’obstacles comme celle-ci qui ralentira cette passion dans le cœur des Américains.