17:00 - Epilogue: La désillusion

Servette devait marquer deux fois pour espérer continuer l'aventure. Les jeunes genevois y sont parvenus, en première mi-temps, par l'intermédiaire d'un Jeremy Guillemenot en feu pendant dix minutes. Deux buts qui permettaient virtuellement à l'équipe de Matteo Vanetta de se qualifier, d'éliminer Anderlecht. Mais les Belges avaient des ressources: ils sont revenus en fin de première période à 2-1 et ce sont encore eux qui ont réussi à passer l'épaule en seconde période, suite à une balle mal négociée par l'arrière-garde genevoise. Malgré tous les efforts déployés et une fin de match d'une intensité folle, les Suisses ne sont pas parvenus à aller marquer le but qui leur manquait pour passer. 2-2 score final. L'élimination, la désillusion. Rageant? «Un match comme celui-ci, ça vaut dix entraînements, ou trois matches de championnat, lâchait le toujours flegmatique Matteo Vanetta à chaud. Je suis déçu qu'on ne continue pas l'aventure, mais les joueurs ont beaucoup appris aujourd'hui et personne n'a triché. Tout le monde a donné son maximum.» Dans le vestiaire, l'atmosphère était lourde, pour une fois. Avec cette équipe, heureusement, ça ne dure jamais très longtemps.

14:00 - Jour de match #3: en attendant le coup d'envoi

Bruno Caslei, milieu offensif, et Luca Gazzetta, latéral, en arrivant au stade de Denderleeuw, à dix kilomètres de Bruxelles, où se dispute le match.

«On aurait préféré jouer dans le grand stade d'Anderlecht, comme prévu la première fois, mais à défaut, c'est bien ici aussi. La pelouse est de bonne qualité, meilleure qu'à La Praille. Moins de bosses. Cela va favoriser notre jeu, nous permettre de jouer sur nos qualités techniques. Dans le domaine, nous sommes supérieurs. Franchement, on la sent bien, cette partie. On doit gagner 2-0 pour passer et nous sommes convaincus de pouvoir le faire.»

11:00 - Jour de match #2: Servette en confiance

Matteo Vanetta, entraîneur.

«J'aborde le match serein, confiant. On va marquer les deux buts qu'il nous faut et, au pire, on sera aux tirs au but. Nous avons déjà prévu sept tireurs. Pour le reste, pour le match, les aspects tactiques importants sont au clair, nous les travaillons depuis lundi dernier. Reste à préciser, lors de la théorie technico-tactique que je m'apprête à donner, le plan de match, nos intentions. Les choses sont claires: il va falloir prendre des initiatives, tenter des choses, des frappes de loin, des centres, aller dans le box. Au match aller, nous n'avions pas l'intention de contrôler, mais nous n'avons pas trouver de solutions, donc la situation s'est transformée en une conservation de balle stérile. Nous avons pu faire quelques ajustements, car nous connaissons mieux Anderlecht désormais. Notre luxe, c'est de pouvoir faire des changements sur les qualités de ceux qui n'étaient pas titulaires - pas sur les lacunes de ceux qui l'étaient. Ça, c'est le fruit du travail de l'Académie de Servette.»


8:00 - Jour de match #1: considérations culturelles

William Niederhauser, entraîneur-assistant, qui peaufinait des schémas de balles arrêtées minuit passé, dans le hall de l'hôtel.

«Si on regarde le match aller, on peut se dire que Servette et Anderlecht sont deux équipes très proches l'une de l'autre. Pourtant, dans la manière d'envisager la formation des jeunes, c'est très différent. En Belgique, comme dans beaucoup de pays, il y a un accent fort mis sur le développement individuel des joueurs, alors que nous cherchons à faire grandir les joueurs en tant qu'équipe. C'est ce qui nous permet de passer contre Villareal. Cette formation-là est pleine de talents. Cinq ou six joueurs iront en Liga, les autres seront pros en deuxième, voire en troisième division. C'est sûr et certains. Mais à l'heure actuelle, le niveau collectif permet à Servette de rivaliser. Contre Anderlecht, cela peut être pareil. Il y a chez les Belges des grosses individualités, qui nous font défaut. On doit se battre avec nos armes: le système, la conservation du ballon, la fluidité du jeu. On ne peut pas faire autrement: Servette, ça a toujours été ça, le beau football, les passes à ras de terre. C'est même une culture romande. En Suisse alémanique, on se satisfait parfaitement de bien défendre et de gagner sur deux contres bien menés. Pour nos joueurs, c'est impossible. Après, qu'est-ce qui est juste, qu'est-ce qui est faux...»


23:00 - Bonne nuit!

Adler Da Silva, ailier.

«En général, la veille d'un match, je commence à y penser. Plus on se rapproche de l'échéance et plus la pression monte. Mais le soir d'avant, la nuit, je ne suis pas encore à me projeter, à me dire ce qu'il va se passer sur le terrain. J'y pense tranquillement. Quand c'est un match important, j'essaie de l'aborder sans me mettre de pression, comme s'il s'agissait d'une rencontre de championnat. Mais c'est clair que celui de demain est capital, sans doute le plus important que j'ai eu à jouer jusqu'ici. Ça ne va pas perturber ma nuit: je dors toujours bien la veille d'un match!»


20:00 - Tuer le temps

Miguel Rodrigues, défenseur central et capitaine

«Lorsqu'on se déplace à l'étranger pour jouer un match, il y a beaucoup de temps morts entre les entraînements, les repas, les obligations d'équipe. Il faut réussir à s'occuper l'esprit. Le plus important, c'est de se reposer suffisamment. Quand on est à l'hôtel, il faut prendre le temps de s'allonger, même sans dormir. En équipe de Suisse, où je joue depuis la sélection M14, nous avons chaque après-midi une heure prévue pour la sieste. Ici, à Bruxelles, je n'ai pas dormi cet après-midi. Nous nous sommes réunis par petits groupes dans les chambres, pour discuter, jouer aux cartes, regarder la télévision ou nos téléphones portables. Ce sont de bons moments, on s'éclate bien. Dans le groupe, il y a ceux qui sont très calmes, ceux qui sont plus turbulents. Moi, je suis entre les deux (rires). En tant que capitaine, je dois montrer l'exemple sur le terrain comme en dehors. Ça passe notamment par motiver ceux qui prennent l'expérience un peu à la rigolade, leur rappeler l'importance de ce que nous avons à faire.»


17:00 - Mot clé: détermination

Yassin Maouche, milieu de terrain défensif.

«Nous nous sommes entraînés 45 minutes environ sur les installations d'Anderlecht. La pelouse était grasse, avec des appuis difficiles à trouver, mais on a entendu que le terrain sur lequel nous allons jouer demain serait meilleur. Comment je sens le match? Bien! Je suis toujours positif, moi, je suis sûr qu'on peut le faire. Le mot-clé, c'est détermination. On ne doit rien lâcher, tout donner. Peut-être que nos adversaires se disent qu'ils sont venus gagner chez nous et que c'est dans la poche, mais nous allons leur prouver le contraire.»


14:00 - Des frites et du foot "stylé"

Sébastien Ratcliff, milieu de terrain défensif, mais qui «marque plein de buts».

«C'est la première fois que je viens en Belgique. Ce que ça m'évoque ? Les frites (rires). Et puis Tintin et un temps maussade, la preuve... Après, le football belge, c'est la classe. Ils jouent bien, ils sont frais, stylés, toujours à garder le ballon au sol, court dans les pieds. Offensivement surtout, la Belgique est impressionnante avec des joueurs comme De Bruyne ou Hazard.»

Giulio Imbriaco, milieu offensif.

«On m'a dit que Bruxelles est une jolie ville, mais elle m'évoque aussi la menace d'attentat qui nous a empêché de venir jouer le match à la date initialement prévue. C'est encore l'état d'urgence maintenant ? D'un côté, ça nous a ennuyé de ne pas pouvoir venir la première fois, mais ça nous a aussi rassuré. On devait jouer à huis clos de toute façon, ça aurait été dommage de venir ici et de ne pas connaître la vraie ambiance belge.»


11:00 - Prendre l'avion pour un match de foot

Jeremy Guillemenot, attaquant.

«Je suis en équipe nationale depuis les sélections M15, donc j'ai l'habitude de ces trajets en avion pour aller disputer un match. J'ai dû en faire une vingtaine... La toute première fois, pour aller au pays de Galles, ça m'a fait bizarre, je n'avais jusque-là volé qu'avec mes parents et je me retrouvais avec mes potes. J'aime ces déplacements, cela tranche du quotidien et cela nous montre directement l'importance du match. Celui de demain est capital, on garde toujours notre objectif de qualification en tête. Mais pour l'instant, pas de pression, on profite simplement de ces moments qui renforcent l'esprit de l'équipe.»


Dimanche, les jeunes footballeurs genevois affronteront Anderlecht dans la région bruxelloise, après avoir perdu 2-1 au match aller, au Stade de Genève. Objectif: renverser la vapeur pour continuer leur épopée en Youth League, la «Ligue des champions» des moins de 19 ans.

De la salle d'embarquement de l'aéroport au coup de sifflet final du match, Le Temps accompagnera l'entraîneur Matteo Vanetta et ses protégés. Une aventure à vivre en continu sur notre site Internet, et à retrouver dans notre édition de lundi.

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