Une «lex Chagaev» existe depuis novembre

Le Temps: L’affaire Xamax, et surtout les circonstances de la cession du club par Sylvio Bernasconi à Bulat Chagaev, ne vous incite-t-elle pas à revoir votre système de surveillance?

Claudius Schäfer: C’est déjà fait! Et pour ne rien vous cacher, c’est cette affaire qui nous a poussés à le faire. Depuis le mois de novembre, nous avons ajouté un article à notre règlement. Celui-ci dit qu’avant de vendre un club, un propriétaire doit obtenir l’aval de la SFL. Pour ce faire, il doit fournir plusieurs documents qui nous permettent, notamment, d’évaluer le mieux possible les capacités financières du repreneur potentiel. Désormais, c’est la SFL qui décide si un club peut être vendu ou non.

– Au vu des circonstances et des conséquences de cette vente, dans laquelle ni la SFL ni l’Etat de Neuchâtel n’ont eu leur mot à dire, peut-on considérer que la transformation de tous les clubs en sociétés anonymes soumises au droit privé était une mauvaise idée?

– A l’époque, l’idée était, d’une part, d’uniformiser les procédures de contrôles internes et externes et, d’autre part, de leur conférer un statut plus attrayant pour les propriétaires ou actionnaires potentiels. Avec le recul, je me demande en effet si c’était la bonne solution.

– Quelle autre solution aurait été meilleure?

– C’est difficile à dire. Peut-être aurions-nous pu nous inspirer du modèle allemand, où la forme associative demeure et où 51% des droits de vote doivent impérativement rester en mains locales.

– En tant qu’autorité de surveillance, la SFL ne manque-t-elle pas simplement de moyens? – Nous ne sommes qu’une dizaine, alors, bien sûr, nous sommes limités. Nous le constatons par exemple lorsqu’il s’agit d’obtenir des informations sur un propriétaire de club étranger. Selon son pays d’origine, l’accès à des informations fiables peut se révéler très compliqué. On a souvent reproché sa passivité à la SFL. Avec ce nouvel article, on va très loin! Quel autre secteur a ce genre de garde-fous?