Pour corser l'effet et rafraîchir l'atmosphère, le ciel avait prévu une ondée préalable: à 20h30, tout semblait compromis; à 21h, heure dite, l'averse s'interrompt, l'éclairage public et les enseignes s'éteignent, Lausanne s'illumine.

Une ville ourlée de flammes

Dans le périmètre compris entre Saint-François et la Cité plongé dans l'ombre, des broderies de flammes ourlent les trottoirs, des étangs de flammèches vacillantes métamorphosent les places. Celle du Château, observée depuis l'esplanade, s'est transformée en un champ d'arabesques palpitantes.

Une foule bon enfant parcourt les zones illuminées. Des gamins, nombreux, sautent entre les godets de bougies. La fascination du feu et la curiosité aussi produisent leur effet imparable: des gens de tous âges et de tous crus se retrouvent côte à côte, dans une obscurité familière, étonnés de l'extraordinaire mélange qui compose une collectivité aujourd'hui.

«Allumons Lausanne!» avait prescrit Muma, Catalan établi dans la capitale vaudoise, en guise d'introduction aux feux du 1er Août. Sa fête des lumières, organisée dans la nuit de lundi à mardi avec la complicité des autorités municipales, la collaboration des commerçants et de nombreux soutiens, a obtenu un franc succès.

Des rues noires de monde

Tous les parkings du centre de Lausanne affichant complet, les rues noires de monde: de mémoire de Lausannois, jamais événement populaire n'a réuni autant de badauds - quelque 10000 personnes probablement- jusqu'à provoquer des embouteillages de piétons dans les rues étroites de la vieille ville pour contempler l'effet des 127444 bougies allumées par plus d'un millier de volontaires enrôlés pour réaliser cette immense «sculpture sociale».

Autant de bougies que d'âmes. Car Muma a pris en compte non seulement les personnes résidentes à Lausanne mais aussi les touristes logés dans les hôtels, les malades hospitalisés, les requérants d'asile et même les personnes en situation irrégulière. Tout ce qui fait bel et bien une ville éclairée.