Sur le site des Services industriels genevois (SIG), l’objectif du programme d’économies d’énergie Eco21 est clairement affiché: «faire de Genève la région la plus efficiente au monde.» A l’heure du bilan de l’année 2022, il semble presque réalisable. Le projet, qui vise à aider les particuliers ou les entreprises à réduire leur consommation énergétique, a permis l’an dernier d’économiser 252 gigawattheures (GWh) d’électricité. Soit 8,5% de la consommation totale du canton de Genève, ou la consommation annuelle de 84 000 ménages. «Un record» à en croire le directeur général des SIG, Christian Brunier.

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La menace d’une pénurie d’énergie et l’aggravation de la crise climatique ont contribué à faire évoluer les mentalités. La volatilité des prix du marché, l’enlisement de la guerre en Ukraine et les perspectives conjoncturelles ont achevé de convaincre les plus réticents. «L’an dernier, nous avons observé une hausse de 30% des demandes de propriétaires de villas. Dix entreprises supplémentaires ont également signé avec nous», chiffre Christian Brunier.

«Cela montre que la transition énergétique est en marche», se réjouit Antonio Hodgers, conseiller d’Etat chargé de l’Energie. «Réaliser des économies dans ce domaine revient à se passer des énergies fossiles et à redimensionner notre production à l’échelle locale.» Un constat partagé par Christian Brunier, qui renchérit: «En 2022, nos investissements ont généré 572 millions de dépenses dans l’économie genevoise. Et depuis le lancement du projet en 2007, 780 nouveaux emplois ont été créés au sein même du programme Eco21.»

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Antonio Hodgers précise que le succès d’Eco21 est tel que celui-ci inspire jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. «Alors que la loi fédérale sur l’énergie est en pleine révision, un amendement propose d’y introduire la philosophie d’Eco21», explique-t-il. Une modification non négligeable qui permettrait à la Suisse d’économiser plusieurs centaines de gigawattheures par année.

L’électrification, ce défi

Les SIG ne comptent pas s’arrêter en si bonne voie. A terme, Christian Burnier espère que le projet Eco21 permettra d’économiser 15% à 20% de la consommation énergétique totale du canton de Genève. Mais il pointe tout de même un défi de taille: «La population genevoise ne cesse de croître, de même que les usages d’appareils électriques.» Antonio Hodgers effectue la même constatation. «La décarbonisation de notre société va de pair avec une électrification grandissante. L’augmentation de l’utilisation des véhicules électriques ou des pompes à chaleur risque de créer une tension avec notre volonté de diminuer notre consommation énergétique.»

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Un constat qui pousse les SIG à revoir leurs méthodes de calcul. «Pour les années à venir, il sera peut-être plus judicieux de parler de tonnes de CO2 plutôt que de kilowattheures économisés», reconnaît Christian Brunier. Un chiffre existe déjà: depuis le lancement du programme, il y eu près de 509 000 tonnes d’émissions de CO2 en moins, soit l’équivalent de deux ans et demi d’émissions du parc automobile genevois.

Sensibiliser à l’utilisation de l’or bleu

Fort de son succès, le projet Eco21 s’est diversifié au fil des ans, lançant au printemps dernier sa plateforme en ligne d’échanges et de dons Re-sources afin de favoriser les objets de seconde main. L’entreprise envisage de s’attaquer à une autre ressource limitée: l’eau. «Nous nous penchons actuellement sur un projet de sensibilisation à son utilisation, mais rien n’a été concrétisé pour le moment», indique Christian Brunier. Une préoccupation partagée par le Conseil d'Etat, qui songe à instaurer une politique plus régalienne de gestion de l’eau, a fait savoir Antonio Hodgers.