MÉDIAS
Ce matin à 11h, les deux titres romands ont annoncé de grosses coupes budgétaires impliquant des licenciements. A 13h, une manifestation aura lieu devant chaque rédaction

Le chiffre est tombé: 24 personnes seront touchées par la restructuration au sein des deux rédactions «24 heures» et la «Tribune de Genève». 8 licenciements et 4 départs à la retraite non remplacés diminueront de 14% l’effectif du titre genevois.
La baisse des revenus publicitaires de -14% depuis le début de l’année oblige le plus grand groupe de médias privé de Suisse à augmenter le nombre de mesures d’économies, indique Tamedia dans un communiqué.
Hiérarchisation de l'information
«Nous allons concentrer nos forces sur la hiérarchisation et l’approfondissement des informations qui comptent vraiment pour les Genevois, qu’elles soient locales, nationales ou internationales», commente Pierre Ruetschi, rédacteur en chef de la «Tribune de Genève».
Les éditions imprimées de «24 heures» et de la «Tribune de Genève» seront désormais plus resserrées en semaine et plus étoffées le samedi.
«Ces éléments touchent des collaboratrices et collaborateurs, j'en suis conscient et je le regrette»
Thierry Meyer, rédacteur en chef de «24 heures», enchaîne dans le communiqué: «La réflexion nécessaire que nous menons doit nous permettre de mieux marquer nos choix, et de produire de manière encore plus pertinente, et sur toutes nos plateformes, des informations fiables, originales, porteuses de sens, utiles aux Vaudoises et aux Vaudois dans la compréhension du monde qui les entoure. Ces éléments touchent des collaboratrices et collaborateurs, j'en suis conscient et je le regrette».
A 11h, les rédacteurs en chef de la «Tribune de Genève» Pierre Ruetschi et de «24 heures» Thierry Meyer ont informé leurs rédactions respectives des détails concernant les restructurations annoncées. Dans la foulée, les collaborateurs des deux titres manifesteront publiquement, à Genève et à Lausanne à 13h, dans le but d’ouvrir des négociations avec le groupe de presse Tamedia.
Les autorités genevoises et vaudoises réagissent
Dans un courrier commun adressé ce matin à la direction du géant zurichois, les Conseils d’Etat genevois et vaudois ont fait part de leur vive inquiétude à propos des mesures de restructuration. Selon des informations circulant à l’interne des deux titres, les économies demandées atteindraient un montant de 2 millions de francs. Ce qui impliquerait des licenciements et une réduction de la pagination. En cause, un bénéfice net du groupe en recul de 22%, s’établissant à 55,8 millions de francs.
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A Genève, l’annonce de possibles licenciements au sein de la «Tribune de Genève» et de «24 heures» a déjà fait réagir les autorités municipales. Dans un courrier adressé à la direction de Tamedia le 21 septembre, le conseil administratif s’inquiète des «conséquences d’une telle restructuration» et rappelle également la «responsabilité» du groupe zurichois. Signée par le maire de Genève, Guillaume Barazzone, la missive rappelle qu’il «est essentiel pour le débat public et le bon fonctionnement de notre système démocratique de pouvoir garantir la pérennité de la presse, sa pluralité et sa qualité».
Le parti socialiste de la ville de Genève déposera mercredi une résolution au conseil municipal pour encourager le gouvernement à prendre position. La ville de Nyon a également exprimé sa plus grande inquiétude hier dans une lettre adressée à Tamedia face aux «mesures qui pourraient porter atteinte à la pluralité de la presse régionale et peser sur le marché de l’emploi».
Soutien de Géraldine Savary aux Etats
Lundi, à la tribune du parlement, la conseillère aux Etats Géraldine Savary a profité de son intervention pour relayer les inquiétudes de la Suisse romande face aux menaces qui pèsent sur la qualité de l’information. A la veille de l’annonce des plans de restructuration qui touchent «24 heures» et la «Tribune de Genève», la sénatrice socialiste vaudoise a rappelé que les deux titres seront «soumis à des coupes drastiques et brutales, puisque 20% des postes de rédaction risquent d’être supprimés».
Emoi dans la population
L’émoi est également vif au sein de la population. Depuis vendredi une pétition en ligne circule sur la plateforme change.org pour empêcher le «sabordage de la presse romande régionale». Le texte mis en ligne vendredi par des collaborateurs des deux titres a déjà récolté plus de 2100 signatures. Deux pages Facebook ont par ailleurs été créées dans la foulée: elles comptent 2000 likes pour «24 heures» et plus de 800 pour la «Tribune de Genève».
Un développement suivra dans la journée.