La Chambre des hautes écoles pédagogiques au sein de Swissuniversities s’est d’ores et déjà positionnée contre la motion. «Il existe des passerelles pour accéder à cette formation», souligne Thierry Dias, recteur de la HEP Vaud. «Accroître le nombre d’inscrits ne signifie pas qu’il y aura plus de diplômés. L’examen permet de préparer les élèves à la formation, déjà très dense. S’il est supprimé, les lacunes devront être comblées par l’ajout de formations complémentaires. Le métier doit être accessible à tous, mais avec un certain niveau de connaissances», poursuit-il. Un avis partagé par David Rey, président du Syndicat des enseignants romands: «Si l’examen est supprimé, à quel moment les étudiants vont-ils acquérir les compétences nécessaires dans les disciplines fondamentales? Cette proposition pose plus de problèmes qu’elle n’amène de solutions. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce sont des données pour comprendre pourquoi les enseignants quittent leur travail», avance-t-il.
Lancer une étude
Justement, la Commission de l’éducation veut charger le Conseil fédéral de collecter des données. «Elle souhaite une étude sur les raisons qui conduisent le personnel enseignant à quitter la profession, et sur l’impact des réformes scolaires sur leur travail», précise Fabien Fivaz. Une minorité propose de rejeter les deux postulats, estimant que ces problématiques sont cantonales.
Une enquête qualitative serait bienvenue, estime Thierry Dias, recteur de la HEP Vaud. «Nous avons vu le rapport inquiétant de l’OFS. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous savons toutefois peu sur les motivations des enseignants à partir, ou à revenir dans la profession.» Pour les garder, il faut revaloriser le métier, estiment nos interlocuteurs. «Il faut maintenir les possibilités d’évoluer dans une carrière de professeur, d’accéder à des formations continues, donner la possibilité de travailler en équipes, de se développer», énumère Thierry Dias. La HEP prépare un nouveau projet d’étude permettant aux futurs professeurs d’enseigner dans quatre branches au secondaire I, contre deux branches actuellement: «Une manière de diversifier le métier et le rendre plus attractif», commente-t-il.
Faire évoluer le métier
«En Suisse romande, nous avons pour l’instant évité l’embauche de personnes non formées, en rappelant des enseignants à la retraite, ou avec des binômes d’étudiants en pédagogie supervisés par un mentor. Le rapport de l’OFS a créé une prise de conscience dans les cantons. Certains secteurs, comme l’enseignement spécialisé, sont particulièrement sous-dotés alors qu’ils sont de plus en plus sollicités. Les conditions-cadres de travail doivent être en phase avec la société: il s’agit par exemple d’offrir la possibilité de travailler à temps partiel», souligne David Rey.