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Des accusés au profil fort différent

Ils sont trois à devoir répondre des malheurs du club genevois.

• Marc Roger, l'indomptable

Il est désormais le plus célèbre, le plus impliqué et le plus coloré des acteurs de ce dossier. Né il y a 45 ans à Alès, dans le département du Gard, Marc Roger, longtemps spécialiste du transfert de joueurs, a finalement réussi à s'emparer de la patate chaude, diront ses avocats, que représentait le Servette FC en cette année 2004. Au-delà de toutes les turpitudes que lui reproche le Parquet, l'homme s'est distingué par une certaine exubérance. Il n'a pas son pareil pour croire aux sauvetages les plus rocambolesques et parle toujours avec la même conviction de ces investisseurs providentiels tantôt bloqués sur une île par le tsunami, tantôt découragés par la rumeur.

Celui à qui d'aucuns attribuent des méthodes de voyou sait aussi avoir des accents de sincérité notamment lorsqu'il plaide sa cause de prévenu trop longtemps incarcéré. Au total une vingtaine de mois, interrompus par une libération sous caution que l'intéressé a vite fait de convertir en fuite. Réarrêté en Espagne et extradé, il a opéré un retour tout aussi extravagant à bord d'un avion médicalisé destiné à surveiller sa poussée d'aérophobie. Défendu par Mes Alain Marti et Robert Assaël, Marc Roger est le seul accusé de ce trio à comparaître détenu. Sa dernière originalité avait été de convoquer à la barre des témoins moult personnalités mondialement connues gravitant autour ou dans les stades. Il y a finalement renoncé.

• Olivier Maus, le nabab

Olivier Maus est tombé il y a 63 ans dans un berceau doré. Son nom et sa fortune sont liés à la holding Maus Frères qui détient notamment la chaîne de grands magasins Manor, les centres Jumbo, la chaîne de magasins Athleticum ainsi qu'une série de vêtements de marque. Le magazine Bilan estimait il y a peu le poids de cette dynastie à quelque 3 milliards de francs. C'est toutefois à titre personnel qu'Olivier Maus a longtemps été proche du Servette FC. Il a démissionné du conseil d'administration en 2002 avant d'y revenir en compagnie de son protégé, Marc Roger, pour s'occuper de marketing. Ses détracteurs diront qu'il s'est davantage promené dans les vestiaires plutôt que d'apporter un soutien concret au club.

Malgré les succès d'une entreprise familiale qui s'est hissée en Suisse au premier rang de la grande distribution, il n'a pas la réputation d'être rompu aux chiffres et aux affaires. Sa surface financière a toutefois, selon nombre de plaignants, joué un rôle de caution déterminant dans la confiance que certains étaient prêts à placer dans l'avenir du club. Seul protagoniste solvable de cette déconfiture, il est devenu logiquement la cible privilégiée des parties civiles soucieuses de récupérer leur dû. Sa défense, assurée par Mes Jean Patry et Christophe Emonet, aura à cœur de «protéger Olivier Maus et sa fortune contre les rapaces».

• Marguerite Fauconnet, la tête pensante

Elle est certainement la personnalité la plus opaque de cette affaire. Marguerite Fauconnet, 55 ans, reste pour beaucoup un mystère. Inculpée à Paris sur commission rogatoire, elle a toujours refusé de venir aux audiences d'instruction. Sera-t-elle présente ce matin à son procès? Son défenseur, Me Alec Reymond, préfère faire durer le suspense jusqu'au bout.

Avocate de profession, l'accusée a longtemps été active dans les transferts de joueurs. C'est là qu'elle a rencontré Marc Roger dont elle est devenue le conseil. Depuis les mésaventures du Servette FC où elle a officié comme secrétaire hors conseil, Marguerite Fauconnet semble avoir réorienté sa carrière vers des domaines plus classiques et tient toujours un cabinet dans la capitale française.

Dépeinte par les parties civiles comme le véritable cerveau des montages financiers controversés et comme la technicienne des artifices destinés à endormir la méfiance de tous, l'avocate nie avoir tenu un rôle d'organe de fait au sein du club. Une affaire que Me Reymond résume d'ailleurs par une formule lapidaire: «On va parler de la petite cuisine comptable d'un petit club de province.»