Manifestation
Les activistes du climat qui ont investi la place Fédérale ce lundi matin avant l’aube n’ont pas l’intention de partir. Ils ont promis de faire de la place pour que le traditionnel marché puisse avoir lieu ce mardi

Entre les activistes du climat qui veulent rester une semaine sur la place Fédérale et les Chambres fédérales qui réclament leur départ pour respecter la légalité, un bras de fer s’est engagé, que tente d’arbitrer la ville de Berne, dirigée par l’écologiste Alec von Graffenried. Après une assemblée plénière tenue ce lundi après-midi, les manifestants ont décidé de ne pas migrer à un autre endroit de la ville de Berne, mais ont proposé de faire de la place aux maraîchers pour que le traditionnel marché puisse se tenir ce mardi.
L’opération, qui a totalement pris de court la police cantonale bernoise ce lundi matin dès 4h30, a visiblement été minutieusement préparée. Pour la première fois, tous les mouvements de lutte pour le climat – non seulement Extinction Rebellion, mais aussi Greenpeace et les grévistes du climat – ont uni leurs forces pour frapper les consciences des élus fédéraux. En moins d’une demi-heure, ils ont investi la place Fédérale, bien que toute manifestation soit interdite durant les travaux des Chambres. Ils ont transformé le lieu en camping, érigeant une vingtaine de tentes, une cuisine et des stands d’information. Ils ont déployé de nombreuses banderoles et rappelé l’urgence climatique en écrivant sur la rue en lettres géantes: «Agissez maintenant».
Les présidences des Chambres fédérales s’attendent elles à ce que les autorités bernoises fassent respecter la loi sur la place Fédérale aussi vite que possible. Dans une note au canton et à la ville de Berne, la délégation administrative de l’Assemblée fédérale écrit qu’elles devraient constater l’illégalité de cet événement non autorisé et veiller au respect des dispositions légales applicables.
La plupart des manifestants sont jeunes, comme ces deux étudiants romands de 22 et 21 ans, Kevin et Laure. Ils sont surtout très déterminés. «Au début de la pandémie du coronavirus, le Conseil fédéral a montré qu’il pouvait débloquer des milliards de francs pour faire face à une situation d’urgence. Il doit désormais aussi déclarer le droit d’urgence face au réchauffement climatique», déclarent-ils.
Mais il n’y a pas que des jeunes parmi les manifestants. Couchés sur le sol et enchaînés les uns aux autres à l’aide de tuyaux, deux anciens politiciens se sont eux aussi mobilisés pour se montrer solidaires avec leurs enfants et petits-enfants. Ils fustigent la passivité des élus des deux Chambres, à l’image de Marc, un ancien conseiller communal socialiste de la Riviera vaudoise. «Soit ces politiciens ne sont pas conscients du problème actuel, soit ils défendent les intérêts des lobbyistes de l’économie et de la finance.» L’ancien député jurassien Hansjörg Ernst, de Courgenay, résume les enjeux actuels. «Il faut arrêter de tergiverser et agir le plus rapidement possible. Nous sommes là pour ouvrir les yeux des élus qui siègent ici au Palais fédéral, car ce sont eux qui ont ce pouvoir décisionnel.»
Au parlement, les réactions n’ont pas manqué. La gauche, bien qu’un brin embarrassée, a dans l’ensemble montré beaucoup de compréhension. «Même si la manifestation est illégale, je ne suis pas particulièrement choqué. Il faut trouver une solution pacifique», a commenté le président sortant du PS Christian Levrat. La droite se montre quant à elle beaucoup plus sévère: le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR/ZH) a même sermonné le maire vert Alec von Graffenried. «C’est une honte. Tu n’assumes pas tes responsabilités», s’est-il emporté.