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Ada Marra: «Je mène campagne en défendant les plus démunis»

ADA MARRA, Parti socialiste, Vaud. Candidate au Conseil national, elle récolte les signatures pour l'initiative fiscale socialiste dans les rues de Lausanne.

Ada Marra court la place Saint-Laurent. La bise refroidit l'été lausannois. Pas la passion de la candidate socialiste au Conseil national qui a été pendant sept ans également secrétaire générale du parti.

Militante de la tête aux pieds, elle scande: «Allez, on y va! C'est parti!» Avec d'autres camarades, dont Josiane Aubert, présidente de la formation à la rose, elle traque les signatures pour l'initiative du PS contre la concurrence fiscale. Cette dégressivité - le taux baisse au lieu de continuer de monter pour les hauts revenus -, qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres. C'est sa façon de mener campagne. «Je défends des causes.»

Quelques mots, et la première signature noircit la feuille. Ada Marra a 34 ans, licenciée en Sciences politiques à l'Université de Lausanne. A l'époque, entre les années 80 et 90, «les étudiants protestaient encore, s'organisaient, manifestaient», se souvient-elle.

Fille d'immigrés italiens

Ada Marra est une «seconda», fille d'immigrés italiens. Le père a débarqué en Suisse en 1958. Il est resté. Elle a vu ses parents souffrir de la xénophobie. Elle n'a pas supporté. L'injustice la révolte. Un homme en sandales l'approche, il fait la manche. Discrètement. Elle lui tend quelques pièces. Lui demande s'il connaît la soupe populaire. «Oui», puis il s'en va.

Au milieu de la Babel de langues, de sirènes, de corps - Saint-Laurent, c'est une métropole cosmopolite sur 300 mètres carrés - Ada Marra cible ses proies. Avec douceur et détermination. «Elle aime aller vers les gens. Leur donner la parole», confirme Josiane Aubert, depuis peu parlementaire et qui souhaite le rester l'automne prochain. Tout naturellement, elle est devenue cette année présidente de l'association Lire et Ecrire Suisse romande, qui lutte contre l'illettrisme.

Entre combat et consensus

Bref, elle sait écouter, mais aussi attaquer. Dire ce qu'elle a à dire, directe, au risque du conflit, du crash idéologique. Elle préfère l'alternance limpide des systèmes majoritaires - une coalition, un programme - à la recherche désespérée de consensus chère au proportionnel helvétique. Pour l'heure, elle s'adapte. C'est pourquoi elle veut aller à Berne. Pour influencer le cours des choses, mettre la main à la pâte. Propositions concrètes et bagout, et le cœur bien à gauche. A la tête de l'UNES, l'Union des étudiants de Suisse, elle poursuit un seul objectif: des bourses d'études dignes de ce nom.

Le soir tombe à petites doses. Elle s'arrête au milieu du passage, le vent l'effleure à peine. Jamais découragée? «Jamais.» Un exécutif? Jamais, non plus. Les bancs du parlement lui vont si bien. Depuis 2003, elle siège au Grand Conseil. «Quelques personnes me reconnaissent parfois dans la rue parce qu'elles m'ont vue à TVRL - la chaîne lausannoise qui retransmet les débats - mais c'est rare.»

Son blog réclame l'engagement des candidats de toutes les listes à ne pas voter pour Blocher s'ils sont élus aux Chambres fédérales. Une vingtaine de noms s'affichent déjà, verts et socialistes. La droite boude pour l'instant. Elle s'interroge: «Quel avenir pour la démocratie du pays si le plus grand parti est l'UDC?»

Encore deux ou trois signatures. Le temps de confesser, avec pudeur, qu'elle est catholique. Qu'elle est croyante. Qu'elle est pratiquante. Qu'elle va à la messe tous les dimanches ou presque. Et, la nuit, bénit la fin de la journée. Avant de battre à nouveau le pavé, demain et après-demain, jusqu'au 21 octobre. «J'ai des chances», soupire-t-elle. Mais il faut la forcer pour qu'elle l'avoue.