C’était l’heure des adieux du Parti bourgeois démocratique à Eveline Widmer-Schlumpf, samedi, à Berne. Mais la vraie question que se posaient les quelque 170 délégués du parti à l’heure de son 7e anniversaire était de savoir s’il passerait le cap des dix ans. Et dans quel état. «Nous sommes venus pour rester», a voulu les rassurer le président Martin Landolt. Mais rien, dans la stratégie esquissée jusqu’ici par la direction du PBD, et notamment le rapprochement en direction des autres partis du centre, ne permet de discerner comment.

Fort de 17 sections cantonales, de 7000 membres, de 72 mandats dans les grands conseils et de quatre représentants dans les gouvernements cantonaux, le PBD vient surtout de perdre 1,2% des suffrages aux élections fédérales et deux de ses neuf sièges au Conseil national. Ses fiefs bernois et grisons n’ont pas échappé à l’érosion. Et le départ du Conseil fédéral de son icône, Eveline Widmer-Schlumpf, n’est pas un signal particulièrement réjouissant. Certes, la ministre, les larmes aux yeux, a voulu voir dans sa prochaine retraite une chance de nouveau départ pour son parti, qu’elle redoutait de voir transformer en «fan’s club».

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A l’image de l’ancien conseiller fédéral Samuel Schmid, interrogé par Le Temps dans le courant de la semaine, de nombreux délégués craignent que désormais, sans sa figure de proue et sans une large alliance des partis du centre, le PBD perde en visibilité et en influence. D’autant plus, reconnaissait l’ancien ministre de la Défense, que sur de nombreux dossiers le PBD ne se distingue guère du Parti libéral-radical ou du PDC.

Samedi, tout en promettant de s’investir «pour que le centre bourgeois prouve par une présence plus compacte, moins fragmentée, son importance pour les solutions dans ce pays», Martin Landolt a délivré un message ambigu. Car en même temps il estimait qu’à l’avenir son parti ne serait mesuré qu’à ses thèmes et positions. «Il n’y aurait pas besoin de bouleverser complètement notre stratégie», selon lui. Le soir, à la radio alémanique, il confirmait sa volonté de voir le PBD poursuivre sa voie de manière indépendante.

Lorsque Samuel Schmid estime que dans un canton comme celui de Berne un rapprochement entre PBD et PLR ne poserait pas de problème, il reprend une idée que caressait déjà son ancien collègue Pascal Couchepin il y a une dizaine d’années, rappelle la NZZ am Sonntag. Le politologue Claude Longchamp voit d’ailleurs entre les deux formations plus de points communs qu’entre PBD et PDC. Le PBD serait devenu plus libéral. Ses position sur les questions de société, mariage pour tous, imposition individuelle, fiscalité et politique économiques se rapprochent de celles du PLR. Pour cette part, une telle alliance lui permettrait de dépasser enfin le PS comme deuxième parti.

Malgré tout, c’est en direction du PDC que le flirt est désormais le plus poussé. D’une part parce que le président du PLR Philipp Müller, fort de son succès, ne voit pas de marge de négociation. D’autre part, parce que, depuis 2008 au Parlement les deux partis ont failli conclure une alliance durable, qui a échoué en raison de l’opposition des Grisons. Selon le PDC Soleurois Stefan Müller-Altermatt, dans la SonntagsZeitung, sur des questions urgentes, comme la prévoyance vieillesse, la stratégie énergétique, l’Europe, les points communs l’emportent sur les divergences constatées sur des dossiers moins urgents.