Le classement des poursuites confirme l'analyse faite en son temps par le professeur de droit fribourgeois Marcel Alexander Niggli. Auteur de publications juridiques de référence sur la norme antiracisme, cet expert avait estimé que l'affiche jouait certes sur un ressentiment à l'égard de la population musulmane, mais qu'elle ne tombait pas sous le coup de la loi. Il relevait que la norme pénale ne visait que les formes de racisme les plus graves et les moins discutables.
Depuis lors, un important arrêt du TF, rendu en octobre dernier, est venu confirmer que, sur le terrain du débat politique, la loi devait être interprétée avec une certaine retenue. De manière significative, les juges ont repris à leur compte la formule de la Cour européenne des droits de l'homme, très attachée à une liberté d'expression aussi large que possible, formule selon laquelle une société démocratique doit tolérer les opinions qui «dérangent, choquent ou inquiètent». Dans le droit fil de cette jurisprudence, la justice zurichoise a également classé la plainte déposée l'automne dernier par le groupe des Verts du parlement fédéral contre l'éditorialiste du SonntagsBlick, Frank A. Meyer. Les élus écologistes lui reprochaient d'avoir écrit, après la prise d'otages de Beslan, que les origines du terrorisme islamique devaient être recherchées dans l'islam lui-même.