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Agresseur de Francfort: un parcours exemplaire avant la chute

La police cantonale zurichoise donne des informations sur l’homme qui a poussé une mère et son fils sous un train lundi en Allemagne

Les passants laissent des fleurs en hommage au garçon tué sur les voies en gare de Francfort. — © Ralph Orlowski/REUTERS
Les passants laissent des fleurs en hommage au garçon tué sur les voies en gare de Francfort. — © Ralph Orlowski/REUTERS

Tandis que l’agression à la gare de Francfort continue de provoquer un vif émoi en Allemagne, la police cantonale zurichoise a livré de nouvelles informations mardi sur l’auteur des faits. L’homme de 40 ans, d’origine érythréenne, était recherché en Suisse pour violences conjugales. Jeudi dernier, sa femme avait appelé la police depuis leur domicile à Wädenswil. Une fois sur place, les forces de l’ordre ont retrouvé l’épouse enfermée avec ses trois enfants âgés de 1 à 4 ans ainsi qu’une voisine, qui a raconté avoir été menacée au couteau. L’agresseur, qui avait pris la fuite, a été signalé dans le système de recherche national des polices.

Ses proches se sont dits surpris de son comportement, indiquent les autorités. Arrivé en Suisse en 2006, l’homme avait obtenu l’asile en 2008 et possédait depuis 2011 un permis C qui l’autorisait à voyager. Il passait pour un exemple d’intégration, comme le montre un portrait de lui dans le rapport annuel de l’organisation suisse d’aide au travail, repéré par le Blick. Après avoir travaillé dans la serrurerie puis s’être retrouvé au chômage, il avait bénéficié de l’aide d’une coach en intégration professionnelle, qui le décrivait comme un homme motivé, organisé et timide. Le père de famille avait ainsi trouvé en 2017 un poste dans un atelier de carrosserie des VBZ, l’entreprise de transports publics zurichois, et disait vouloir que ses enfants aient une meilleure vie que lui et s’imaginait rester vingt-cinq ans dans sa nouvelle entreprise.

«Pas d’indice de sa dangerosité»

«Il fréquentait une église chrétienne orthodoxe et était passé jusqu’ici inaperçu», a souligné mardi Werner Schmid, de la police zurichoise. Lors des perquisitions menées lundi à son domicile, la police a trouvé des documents indiquant que l’Erythréen suivait un traitement psychiatrique – il était en arrêt de travail depuis janvier. Jusqu’ici, la police ne le connaissait que pour une infraction de la circulation. Elle estime qu’elle n’avait «pas d’indice de sa dangerosité» avant les événements de Francfort, aussi n’a-t-elle pas jugé nécessaire de diffuser un avis de recherche. «Des cas de violences domestiques comme celui-là, nous en rencontrons une dizaine chaque jour dans le canton», a précisé le chef de la police de sûreté Bruno Keller. L’enquête devra éclaircir le parcours du fugitif entre jeudi et lundi, les raisons qui l’ont conduit à Francfort et, surtout, les motifs qui l’ont amené à pousser une femme de 40 ans et son fils de 8 ans sous un train, tuant le garçon, puis à tenter de pousser une femme de 78 ans, en vain, avant de prendre la fuite.

L’agresseur a été arrêté et placé en détention préventive. Accusé de meurtre et tentatives de meurtre, il encourt la prison à vie. Cette attaque a d’autant plus frappé les esprits que dix jours plus tôt, un acte similaire s’était déroulé au nord de Düsseldorf: un homme de 28 ans a poussé sous les voies une femme de 34 ans, qui n’a pas survécu. Comme à Francfort, l’auteur n’avait aucun lien avec sa victime et ses motivations ne sont pas connues.

Le ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, a décidé d’interrompre ses vacances pour se rendre à la gare de Francfort et s’entretenir avec les autorités concernées. Le parti d’extrême droite AfD s’est saisi de ce fait divers pour s’en prendre à la politique migratoire du gouvernement allemand. En Suisse aussi, l’UDC s’est emparée du cas afin de réclamer un nouveau durcissement de l’asile pour les Erythréens.