C’est un énième épisode, et peut-être une nouvelle polémique, pour le ministre de la Santé. Celui-ci s’est opposé en avril 2018 à l’installation d’une antenne de téléphonie à moins de 200 mètres de son domicile de Belfaux. Il a cosigné en qualité de citoyen, avec d’autres membres de son domicile, un courrier à sa commune pour s’opposer à un projet de Swisscom, révèlent La Liberté et le Blick romand. Le document a été obtenu par l’association Stop 5G Glâne, qui l’a rendu public.

Le projet d’antenne avait suscité quatre oppositions. Il avait été suspendu, puis finalement retiré par Swisscom en novembre 2020, faute d’avoir trouvé un «emplacement alternatif».

Parmi les trois pages et demi que contient la lettre signée par Alain Berset, la 5G n’est pas évoquée: la technologie n’était pas encore déployée en 2018. Un paragraphe attire toutefois particulièrement l’attention: «Le débat et les arguments sont connus. Les ondes électromagnétiques d’origine technologique, en particulier celles émanent de la technologie mobile, ont des effets délétères sur la santé humaine et animale», lit-on dans le courrier.

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Trop proche d’une école ou d’une crèche

Le courrier d’opposition développe cinq autres arguments, dont l’atteinte au paysage, à l’environnement protégé à l’emplacement au bas du village, indique La Liberté. Le journal fribourgeois cite les auteurs, qui demandent «que d’autres emplacements soient envisagés», et soulignent que «la question de la proximité d’école ou de crèches, avec de jeunes enfants, nous paraît prépondérante pour ne pas installer d’antenne à cet endroit». «Les directions d’émissions de l’antenne et le respect des normes en vigueur sont essentiels. Il est à relever que des développements futurs pourraient corriger à la hausse les valeurs d’émission», lit-on encore.

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«Cette lettre, datant d’avril 2018, a été signée – entre autres – par Monsieur Berset, dans une procédure de mise à l’enquête. Le courrier s’appuie essentiellement sur le fait que l’emplacement retenu pour la construction était jugé inadéquat. Par ailleurs, comme rappelé dans le courrier, Monsieur Berset a toujours estimé que le bon respect des normes de rayonnement est essentiel, car il permet d’écarter tout risque pour la santé, comme c’est le cas actuellement», réagit auprès de La Liberté et du Blick le porte-parole du Département fédéral de l’intérieur Christian Favre.

Un abandon «facile»?

Cette opposition de la part du conseiller fédéral, et l’abandon «facile» du projet par Swisscom, intriguent les opposants à la 5G, dont la Fribourgeoise Chantal Blanc, membre de l’association Stop 5G Glâne. «J’ai fait opposition dans des dizaines de cas, j’ai beaucoup de procédures en cours même jusqu’au Tribunal fédéral. Jamais je n’ai vu Swisscom abandonner aussi mollement et facilement un projet d’antenne, même contesté», souligne-t-elle au Blick. «Il s’agit d’une antenne 4G qui aurait pu être par la suite transformée en antenne 5G sans nouvelle mise à l’enquête, comme cela s’est produit à bien des endroits grâce à une législation datant de 2013», ajoute-t-elle.

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«Le projet a été abandonné sur ce site en raison d’un préavis négatif du Service des biens culturels, détaille de son côté une porte-parole de Swisscom à La Liberté. Nous avons donc tenté de dialoguer avec les autorités locales et par la suite trouvé une autre solution. Je précise qu’à l’époque de ce changement, la 5G n’était en aucun cas un sujet actuel.»

Reste qu’aujourd’hui la 5G surgit régulièrement dans les débats. Une motion PLR sera prochainement traitée prochainement à Berne. Son but: augmenter les valeurs limites d’installation de 5 volts par mètre jusqu’à 20 v/m. Les anti-5G pensent peut-être tirer profit de l’opposition d’Alain Berset d’il y a quatre ans. «La divulgation aux médias de cette information par le mouvement anti-5G n’est pas un hasard», écrit La Liberté.

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