C'est une première: les deux partis populistes représentés au parlement genevois, l'UDC et le Mouvement citoyens genevois (MCG), ont décidé de faire alliance en vue de l'élection à la Cour des comptes, qui aura lieu le 24 septembre prochain.

Les deux formations concurrentes ont décidé de laisser leurs rancunes de côté pour accroître leurs chances d'être représentées au sein du nouvel organe de contrôle des administrations publiques, dont la création a été plébiscitée par les Genevois en novembre dernier.

Elles ont décidé de déposer une liste commune de trois candidats. Yilmaz Barkan, expert comptable et secrétaire adjoint du Département des finances, présenté par le MCG, brigue l'un des trois postes de juge. L'UDC aligne l'avocat Philippe Ehrenström et l'expert-comptable Françoise Sapin, ancienne directrice du contrôle des finances à la Ville de Genève, qui visent des postes de suppléant.

«Le mariage de la carpe et du lapin»

La liste de l'UDC et du MCG s'ajoute ainsi à celle de la gauche, qui rassemble le PS, les Verts et le mouvement SolidaritéS, et à celle de l'Entente bourgeoise. L'alliance populiste finit d'enterrer la démarche initiale des partis genevois, qui avaient tenté d'élaborer une liste commune pour l'élection du 24 septembre.

Pour expliquer le rapprochement des deux partis, l'UDC Yves Nidegger invoque la nécessité de contrer la mainmise des partis gouvernementaux sur le contrôle des institutions, afin de garantir leur indépendance.

La question de l'indépendance de la Cour des comptes révèle précisément l'un des points faibles de cette nouvelle liste, réplique Olivier Jornot, président ad interim du Parti libéral genevois: «Le fait que le MCG et l'UDC présentent un haut fonctionnaire montre qu'ils n'ont rien compris à ce qu'implique cette élection. S'il est élu, il devra démissionner, mais il passera du statut de contrôlé à celui de contrôleur.»

Quant à l'alliance elle-même, «c'est le mariage de la carpe et du lapin, poursuit le député libéral, ils s'associent alors qu'ils passent leur temps à se vomir dessus pendant les séances du Grand Conseil.»

Antonio Hodgers, le président des Verts, n'est pas surpris par la décision des deux partis populistes. «Ils chassent sur les mêmes terres et cette élection leur donne l'occasion de répéter le même discours: «Tous pourris, sauf nous.»

Le rapprochement des deux formations est-il inquiétant? «Ce qui serait préoccupant, c'est qu'ils obtiennent de bons résultats le 24 septembre, relève l'élu écologiste, mais je n'y crois pas, je suis confiant.»